Les trompettes de Jéricho.
Oui, j’ai bien lu, ce matin dans la presse : « Israël refuse toute limitation de la colonisation à Jérusalem-Est ». C’est le ministre israélien des Affaires étrangères Avigdor Lieberman qui l’affirmait à son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, de passage dans la ville sainte. Quelle outrecuidance ! Quel aveuglement ! En clair, cela veut dire : « vous les Européens, les autres, vous n’avez qu’à la fermer. Ici, c’est nous les maîtres, et nous ne laisserons personne se mêler de nos affaires ». C’est vrai que depuis sa création, l’état sioniste n’en a fait qu’à sa guise et n'a que très rarement tenu compte des résolutions de l’ONU qui, pourtant, lui avait permis d’exister. A l'exception du Sinaï, jamais il n’a restitué une parcelle de territoire, indûment acquise, et de surcroît il s’obstine à les coloniser. L’appui inconditionnel des États-Unis lui permet une telle attitude. Mais, imaginons, oui, imaginons qu’un jour, il soit confronté à un réel danger d’invasion. Imaginons que les peuples arabes si habilement divisés par les agents des superpuissances financières et politiques, au lieu de se tourner vers Allah, comme on les y incite en sous-main, décide de briser toutes les chaînes qui les entravent depuis des siècles et en premier lieu cet opium du peuple qu’est la religion ? Imaginons, oui, imaginons qu’assoiffés de justice, ils décident alors de récupérer les territoires qui leur ont été spoliés, et donc la Palestine. Imaginons, oui, imaginons qu’Israël soudain se retrouve assiégé de toutes parts, dans l’impossibilité de résister au déferlement des multitudes et d’user de l’arme atomique qui ne ferait, elle, pas de différence entre un Arabe et un Juif. Oh, bien sûr, une telle éventualité n’est pour l’heure pas concevable et c’est bien pourquoi Monsieur Avidgor Lieberman se permet d’afficher une telle morgue. Il devrait pourtant savoir que l’histoire est têtue. Les croisés ont tenu deux siècles en terre sainte et il n’y a que 67 ans qu’Israël existe. Personnellement, si j’avais été à la place des Juifs, j’aurais tout fait pour me fondre dans la population locale et créer avec elle un état fondé sur la tolérance et le respect de l’autre. Seulement, voilà, je ne suis pas juif, je n’ai pas survécu à l’holocauste, mes ancêtres n’ont pas connu les pogroms et aucune ségrégation autre que sociale. C’est précisément cela qui me trouble. Oui, comment ayant été victime de la haine, du racisme, de la ségrégation, de l’intolérance depuis tant de siècles, on peut soi-même avoir un comportement si affligeant. L’homme, même en ayant subi les pires atrocités, ne serait donc pas amendable ? 67 ans ! Que restera-t-il de vous dans mille ans enfants d’Israël ? Peut-être une allusion comme celle qui signala jadis la victoire du petit David, contre le géant Goliath, un Philistin ( Palestinien) déjà… Ou une chronique sur les trompettes de Jérusalem, qui feront s’effondrer le mur de la honte actuel, comme celle de Jéricho qui dans l’antiquité ouvrirent une brèche aux troupes de Josué ? Seulement le nouvel héros, cette fois, s’appellera Mounir, Ibrahim, ou Mohamed, pourquoi pas ? Puisse ce Mohamed-là ne pas avoir la folie, après tout ce que l’autre nous a fait vivre, de se proclamer le messager de Dieu…