Quatre héros au Panthéon et un faux discours …

Que penser de nos présidents qui ne font plus l’effort de rédiger leurs propres discours politiques et ont recours à des plumes venues des médias pour accomplir cette tâche pourtant si personnelle ? Que penser de nos présidents qui, d’un ton qui se croit sincère, déclament leur éloge venu d’un autre cerveau que le leur aux morts héroïques rejoignant le Panthéon ? Ce fut le cas avec Sarko qui eut l’aplomb de panthéoniser, le grand poète martiniquais Aimé Césaire, un ex marxiste qui n’a jamais porté la droite dans son cœur. D’ailleurs, les cendres du chantre de la négritude, conformément à ses souhaits, n’ont pas quitté la chaude terre antillaise. Elles n’allaient tout de même pas servir la soupe à cet histrion réactionnaire et venir se geler dans un lugubre mausolée parisien, fût-il situé tout près de Voltaire, Rousseau et à côté du génial Victor. Le démago en chef de L’État, futur fondateur des pseudos et risibles néo-républicains, eut aussi la géniale idée de vouloir panthéoniser Albert Camus. Quand on n’a rien de mieux à proposer au peuple, les panthéonisations contribuent à faire oublier les défectuosités présidentielles. Le fils du prix Nobel qui n’était pas dupe s’y est opposé et Sarkozy en fut donc pour ses frais.

Hollande, lui, va en panthéoniser quatre d’un coup, et pas des moindres : les héroïques Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay. Étrange tout de même que cette cérémonie destinée à assurer un hommage éternel de la nation à deux martyrs de la résistance et à deux survivantes des camps de concentration - femmes exceptionnelles qui ont ensuite voué leur vie aux opprimés et aux miséreux - arrive au moment où ce cher François dont la cote de popularité ne parvient pas à franchir le seuil des 25%, envisage de briguer un second mandat.

Cette manigance est tout aussi grotesque que celle de son prédécesseur. Utiliser des noms sans tache pour redonner au sien un lustre qu’il n’a pas ou qu’il n’a plus, a de quoi hérisser le peuple avide, comme en Espagne ou en Grèce, de s’émanciper d’une classe politique usée et vaincue par le pouvoir de l’argent. Le discours d’entrée dans le temple de l’éternité de ces quatre grandes âmes aurait pu être une source d’inspiration pour François Hollande, comme le fut pour André Malraux celui consacré à Jean Moulin et à son terrible cortège de morts dans les caves « sans avoir parlé, comme toi - et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé. Avec tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, avec le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses. Avec les huit mille Françaises qui ne sont pas revenues des bagnes, avec la dernière femme morte à Ravensbrück pour avoir donné asile à l'un des nôtres. Entre avec le peuple né de l'ombre et disparu avec elle - nos frères dans l'ordre de la Nuit »…

Hélas, Hollande n’est pas Malraux et c’est la plume de Laurent Joffrin qui écrira son discours. Il ne fera que le dire et quand les mots ne viennent pas du cœur et de l’esprit, vous le constaterez par vous-même, ils sonnent faux ! Viva Podemos !