/image%2F1297919%2F20150818%2Fob_15c92a_4401055.jpg)
Bonjour attentives prochaines et conciliants prochains
Aujourd’hui je vais vous proposer un poème tiré de mon recueil « Le chant du Farou ». Je le trouve de circonstance, qu’en pensez-vous ?
Vanité
Le monde croupit dans la médiocrité,
Et je n’échappe pas à la règle.
J’aspire à la gloire, je me prends pour un aigle.
Je rêve de succès et de postérité.
Je crois être un démiurge
Et je ne suis qu’un homme.
Vanité !...Vanité !...
L’Ecclésiaste a bien dit.
Tout n’est que vanité.
De ma probité je tire avantage.
Ma fausse humilié embellit mon image.
Sans aucune pitié, je juge mon prochain.
Je le vois sot et veule, flagorneur et mesquin,
Etroit d’esprit, calculateur, sans âme,
Nabot servile, cabot infâme,
Qui face aux puissants se prosterne
Et clabaude sur ses subalternes.
Je le vois de très haut parmi tous ses semblables.
Anonyme il se fond dans la foule innombrable.
Et je ne parviens plus à la différencier
Du pullulement incohérent qui s’entasse
Dans les labyrinthes des réseaux routiers,
Et les jours d’évasion sur toute aire
Où l’entraîne l’instinct grégaire.
Le voici qui s’arrête, se détend, se prélasse
Puis de nouveau reprend la cohue casanière.
Où est autrui dans ce fourmillement
Qui va, qui vient, sans but logique
Et se meut selon une arithmétique
Qui échappe à mon entendement ?
Où est autrui, je l’ai perdu ;
Perdu dans cette multitude esclave
Des pouvoirs qui la dominent
Des marchands qui la gave
Des partis qui l’endoctrinent
Afin de mieux l’enchaîner
A son bonheur mécanisé,
A ces bureaux glacés, patrie des chefaillons,
A ces grands ateliers pareil à des prisons,
A ces embouteillages des départs en vacances,
A ces lundis moroses où tout recommence :
L’acceptation de son sort, la lutte terre à terre
Pour une promotion ou un plus haut salaire,
Les bouffes, les bitures et les parties de cul,
Puis le sommeil béat des esclaves repus.
Et le boulot encore, et le boulot toujours,
Les brèves escapades, les éternels retours.
Oui ! J’ai perdu autrui dans ce cycle infernal ;
Autrui que j’observais du haut du piédestal
Où prétentieusement je m’étais installé
Pour ne pas me confondre avec la mêlée
Et critiquer le monde en toute impunité.
Mais autrui, c’était moi, autant que vous, pardi !
Vanité !...Vanité !...
L’ecclésiaste a bien dit.
Tout n’est que vanité.
JB.
Bonne journée, rêveuses et rêveurs