Cela fait maintenant 30 ans et plus, qu’à chaque évènement grave dans les banlieues, nos dirigeants promettent de faire quelque chose pour régler le problème. Il y a eu des ministres de la ville dont un, tout à fait exemplaire, nommé par François Mitterrand, Bernard Tapie, un modèle pour une jeunesse en mal de repères qui en arriva à se dire que si les truands pouvaient occuper de hautes fonctions politiques tous les espoirs leur étaient permis ! Il y a eu les zones franches dont on ignore toujours les résultats et surtout tout un cortège de vœux jamais tenus. On sait depuis des lustres que les cités sont les lieux privilégiés de tous les trafics et en particulier du trafic de drogue qui génère énormément d’argent. Un gamin de 12 ans employé par les dealers à faire le chouf, le guetteur, gagne au minimum 50 euros net par jour, soit 1500 euros par mois. Allez lui dire d’aller à l’école ou de rentrer chez lui dès la nuit tombée. Son job, c’est d’être dehors et de surveiller les allées et venues des patrouilles de police. A ce propos, ça fait aussi presque un demi siècle que les agents des narcotiques affirment qu’ils épargnent parfois les dealers pour mieux pincer ceux qui les fournissent. Depuis le temps, il ne devrait plus y avoir de grossistes et donc plus de revendeurs.
On voit souvent dans les films américains des flics ripoux améliorer leurs fins de mois en fermant les yeux sur les activités illicites des caïds de quartier. Naturellement, pour la morale de l’histoire ils se font pincer à la fin par la police des polices, l’IGS, vont en prison ou se suicident. Néanmoins si la fiction traite de ces sujets, c’est qu’ils existent dans la réalité. Des flics ripoux on en a déjà par le passé arrêté quelques un à Marseille, Grenoble, Lyon et Paris mais, et c’est bien là le problème, des deux côtés, trafiquants et flics, dès qu’un réseau tombe, il est presque aussitôt remplacé. C’est tellement tentant l’argent facile. Cela permet à des fonctionnaires mal payés et peu considérés de faire vivre décemment leurs familles. Si encore l’exemple de l’intégrité leur était donné en haut lieu ! Hélas les casseroles d’un Sarkozy ou d’un Guéant qui furent leurs ministres de l’Intérieur ou d’un Cahuzac, ministre du budget qui planquait son argent à l’étranger, produisent l’effet contraire. « Si eux le font pourquoi pas nous ? ».
Quand les élus qui assurent la gestion de l’Etat ne sont pas exemplaires, il ne faut pas s’attendre à ce qu’une miraculeuse probité prévale aux échelons inférieurs de la hiérarchie. Ça fait maintenant des lustres que notre république est entrée en déliquescence. Même Bayrou, maintenant qu’il est presque en fin de carrière, reconnaît que la France a beaucoup trop de députés et de sénateurs. Que ne l’a-t-il dit plus tôt ! Aujourd’hui, si le FMI et tous nos autres bailleurs décidaient de ne plus nous prêter d’argent, nous serions en faillite et pourtant, nos parlementaires pléthoriques, refusent, eux, de se serrer la ceinture. La plupart des réformes qu’ils tentent désormais d’imposer ne sont pas destinées à améliorer le sort des citoyens mais à faire sur leur dos, des économies de bouts de chandelle. Ils rognent, rognent, rognent sans vouloir toucher à leur propre statut de privilégié. Ça les perdra un jour, mais quand ? En attendant le pays se délite, les banlieues sont toujours ingérables. Des gosses de 15 ans se font abattre à l’entrée des immeubles et la corruption gangrène le pays. Anne, ma sœur Anne, ne vois tu rien venir ?