A bas le corporatisme ! Vive la Sociale !

Quand je pense que les agriculteurs adhérents à la FNSEA se sont donnés pour président Xavier Beulin, un importateur massif de poulets en provenance du Brésil, boostés aux hormones et nourris aux farines issues des usines d’équarrissage, on se demande où ils ont la tête. Alors qu’ils se battent pour faire prévaloir les productions françaises, ils se fient pour atteindre leur but à un individu qui a fait fortune en important, à un prix défiant toute concurrence, des gallinacés bien moins chers dans les grandes surfaces que nos coquelets gaulois, sans doute mieux nourris mais élevés dans des conditions d’entassement tout aussi déplorables. Pourquoi ces éleveurs ne se regroupent-ils pas entre eux pour être plus compétitifs face à la concurrence européenne et surtout pourquoi - au lieu de solliciter pour maintenir leurs exploitations en l’état des aides gouvernementales qui ne feront que prolonger leur agonie - ne réclament-ils pas un réel soutien financier pour revenir à une agriculture raisonnée, biologique bien sûr, qui privilégierait la qualité au rendement. Je me demande aussi pourquoi tous les ministres de l’Agriculture de droite ou de gauche n’ont pas eu l’idée de promouvoir cette salvatrice reconversion à même de porter un coup fatal aux pesticides et autres produits phytosanitaires qui empoisonnent depuis plus d’un demi-siècle les campagnes, les sols, l’air, les rivières et compromettent gravement la santé des citoyens.

Avec une telle reconversion on ferait donc d’une pierre deux coups. Oui, mais voilà, les grandes firmes chimiques, elles sont une dizaine à en croire Elise Lucet qui les dénonçait dans son émission « Cash investigation », ont les moyens de bâillonner une grande partie de la classe politique par un lobbying extrêmement généreux qui alimente les caisses des partis politiques. Quant à leurs PDG, ils n’hésitent pas à inviter fréquemment dans des restaurants 3 étoiles des élus choisis de notre république si mal gérée depuis des décennies. Regardez comme la plupart de nos sénateurs sont « gras, polis, fourvoyés par mégarde » comme aurait dit La Fontaine. Et alors plutôt que d’avoir de la part de nos représentants « des paroles et des actes », on a trop souvent hélas, les paroles sans les actes.

Il suffisait d’écouter ce matin Ségolène Royal invitée sur France Inter par Patrick Cohen qui avait bien du mal à interrompre sa logorrhée. A chaque fois elle a noyé les questions dans un verbiage indigeste. Seule émergeait de ce salmigondis une autosatisfaction qui, je dois l’avouer, me faisait bouillir de colère. Que voulez vous les énarques sont ainsi. On leur a appris dans cette école maudite à donner l’illusion d’avoir réponse à tout. Au début cette stratégie a marché mais aujourd’hui plus personne n’est dupe. L’énarchie a mené la France à la ruine. Les paysans, les travailleurs ne doivent se fier qu’à eux-mêmes, ne pas trop compter sur des syndicats ou des élus qui exploitent leur crédulité, ne pas attendre de miracle d’un système qui est à bout de souffle et se battre vraiment, non plus pour des intérêts corporatistes, mais pour l’intérêt du plus grand nombre. Est-ce encore possible ? That is the question ! Vivaaaaaa !