Le tribalisme est de retour !

Je transgresse ma promesse mais pour un court instant seulement, ayant ce matin été inspiré par ce constat que je ne pouvais garder pour moi seul. Pardonnez-moi, je retourne à mon silence. Vivaaa !

Le tribalisme est de retour !

Dans ma jeunesse on pouvait être gaulliste, et cela se comprenait - sous l’occupation, le général a incarné la France libre - ou lepeniste, - le menhir breton exprimait, lui, les vivaces nostalgies maurassiennes. Les gaullistes adhéraient au RPF qui se muera en UDR, (l’UMP et les républicains qui suivront n’auront plus grand-chose à voir avec le gaullisme). Les seconds se retrouvaient dans le Front National qui a gardé son nom même après la destitution de son fondateur par sa fille. Politiquement, on pouvait aussi être centriste (MRP ou UDF), socialiste (PS), radical socialiste (PRS) et communiste (PC) mais là, aucun nom de famille ne venait se substituer au nom de ces organisations politiques. C'est durant la présidence de Giscard que cette tendance s’est affirmée. Les 14 années de règne de François Mitterrand n’ont fait que l'accentuer. A partir de là, les partis et leurs idées n’avaient plus vraiment d’importance, tout simplement parce que les dits partis étaient passablement à court de projets et qu’en remplaçant leurs appellations d’origine par le nom de leurs leaders on convertissait les combats d’idées, en combats de personne. Du coup les militants se définirent non plus par leur attachement à des convictions mais par fidélité à un leader. Ils devinrent giscardiens, mitterrandiens, rocardiens, chiraquiens, et j’en passe. Cette tendance régressive qui nous replonge à l’époque des tribus gauloises, n’a depuis cessé de s’aggraver. Désormais, chez les républicains, on est sarkoziste, juppéiste, fillionien, mairiste, coppéiste, kosciusko-Morizetiste à droite et hollandiste, vallseur, ô pardon, vallsiste, montebourgeois, royaliste, matronien, etc. chez les socialistes… N’oublions pas la gauche de la gauche qui se partage entre les mélanchoniens et les communistes qui eux, les pauvres, ont été réduits à l’état de tribu sans avoir pourtant changé de nom. Il est vrai que l’image prégnante du grand Staline a occulté toute velléité en ce sens. Enfin il y a les écologistes, les verts, un clan divisé en groupuscules en quête de vrais meneurs et accablé par une pipelette qui voudrait en faire des duflotiens. Beaucoup se verraient hulotistes, mais Hulot porte bien son nom : en terme de marine, c’est une petite ouverture dans un navire destinée au passage de cordes ou de chaines qui permet un ancrage dans une orientation déterminée. Donc, pas question pour lui de laisser son bâtiment « flotter » à la dérive. Si on le désire, il faut passer par lui, et par lui seul. Cette détermination plait beaucoup aux marionnettistes, ardents partisans de ces combats de chefs, de ces querelles d’hommes qui hissent sur des boucliers leurs champions. C’est ainsi qu’ils se font le mieux oublier et que les peuples ne voient pas leurs mains qui tirent les ficelles.