Camarade Martinez.

Comme le foot avec les mentalités chauvines qu’il génère ne m’intéresse absolument pas, je me moque pas mal que les grèves puissent être un obstacle au bon fonctionnement du championnat d’Europe. En revanche je dis au gros moustachu de la CGT qui fait un bras de fer avec la « clique à Hollande » que si c’est la révolution qu’il veut, qu’il la fasse une bonne fois pour toutes et décrète la grève générale. En vérité, il n’a pas les effectifs pour réaliser une action de cette envergure et d’ailleurs, la souhaite-t-il ? Je ne crois pas que cet apparatchik rêve vraiment de changer les choses et de faire tomber le capitalisme. Non, je pense personnellement qu’il veut surtout prouver à tous les salariés qu’il est le meilleur, celui qui les défendra le mieux. S’est-il seulement soucié de ceux qui vont peut-être connaître le chômage technique à cause de son action ? A-t-il songé à toutes ces PME qui mises en difficulté par les grèves des transports vont devoir supprimer une partie de leur personnel, et pour certaines mettre, qui sait, la clé sous la porte ? Quand on ne souhaite pas vraiment la révolution mais seulement à tirer profit des conflits sociaux qu’on orchestre, (La CGT a peu de militants mais ils occupent des positions stratégiques dans le secteur industriel) on doit prendre garde à ne pas faire du tort à ceux que l’on prétend défendre.

Avec les ravages matériels et moraux causés par les inondations, vous seriez peut-être avisé cher monsieur Martinez, de décréter une pause, d’autant que les plus actifs de vos gros bras ont déjà obtenu la prolongation de leurs avantages. Bien des travailleurs aimeraient avoir le statut des conducteurs de trains qui ont conservé des privilèges justifiés au temps des machines à vapeur, quant il fallait pelleter le charbon, respirer des fumées nocives et souvent mourir de silicose avant même la retraite. Aujourd’hui, c’est avec une toute petite manette qui peut se bouger de deux doigts que se conduisent les TER et les TGV. Non, je ne vais pas, moi, parodier Maurice Thorez et vous dire bêtement : « Il faut savoir arrêter une grève » mais plutôt vous conseiller de prendre garde de ne pas trop aggraver la situation économique, déjà catastrophique, de notre pays, car le jour ou les derniers fleurons de notre industrie, tombée en faillite, seront rachetés par des multinationales, voire des milliardaires russes, chinois, indiens comme cela a déjà été le cas dans la sidérurgie et la construction mécanique, vous aurez bonne mine de crier au scandale devant les dégraissages massifs ou les fermetures d’usines qui en résulteront. Des millions de travailleurs rêveraient d’avoir le salaire de l’aristocratie ouvrière qui, chez vous, mène la grève entrainant, bien sûr, dans son sillage des milliers d’employés, mal payés, en colère qui, eux, n’ont plus rien à perdre. Néanmoins, vos blocages qui coûtent une fortune à un Etat déjà totalement ruiné, n'ont pas pour but de provoquer le grand chambardement, rêves des libertaires, dont je me réclame, mais d'obtenir des satisfactions sectorielles en excipant de votre pouvoir de nuisance. On n’est donc pas près de voir poindre à l’horizon les embrasements du grand soir.

Le corporatisme n’a rien de révolutionnaire et, à bien y regarder, il fait même le jeu des financiers à l’affut, comme des rapaces, des entreprises défaillantes.