Pour satisfaire la curiosité intellectuelle de notre très chère Julienne de Phnom Penh voici quelques portraits de squaws qui n’ont pas été tout à fait oubliées.
Weetamoo (1635-1676): première squaw guerrière de l'histoire et mariée cinq fois, elle est la belle-soeur de Mataconet, avec qui elle a participé à brûler 12 villages anglais. Elle fut ensuite reine du peuple Wampanoags et a continué de mener la vie dure aux colons. Elle mourut noyé dans une rivière alors qu'elle tentait d'échapper au massacre des siens.
Nenyehi (ou Nancy Ward, 1738-1822): conseillère respectée et membre du conseil décisionnaire du peuple Cherokee, elle participa aux attaques contre les troupes américaines et les colons. Son histoire raconte que, lors d'une bataille, après avoir ramassé le fusil de son mari tombé sous le feu ennemi, elle a mené ses guerriers à la victoire. Jusqu'à sa mort, Nenyehi a convaincu son peuple de ne jamais abandonner ses terres.
Sacagawea (1788-1812): enlevée à l'âge de 11 ans par les Hidatsas puis gagnée à un jeu de hasard par un trappeur canadien-français qui l'épouse, elle est, à l'âge de 15 ans, l'interprète et la guide de l'expédition Lewis et Clark qui a ouvert "les portes de l'Ouest" américain. Inconnue, elle figure pourtant parmi les 99 autres gloires nationales ayant leur statue de bronze sur la rotonde du Capitole de Washington. Elle a également eu l'honneur de figurer sur une pièce d'un dollar avec son enfant dans le dos
Dahteste (1860-1955): autre guerrière apache. Elle passa son enfance sous la coupe d'un autre chef indien de renom, Cochise. Elle a également porté les armes aux côtés de Géronimo et joua un rôle-clé d'interprète lors de sa reddition à la cavalerie Yankee.
Ella Deloria (1889-1971) : anthropologue, linguiste, ethnographe, éducatrice et écrivain sioux. Née dans une réserve sioux, d’un père indien ordonné prêtre épiscopal et d’une mère métis descendante d’un général blanc, elle gagne une bourse pour l’université d’Oberlin, puis pour Columbia. Là, elle travaille avec le célèbre anthropologue Franz Boas. Elle reste pauvre toute sa vie (elle vivra un moment dans sa voiture), mais produit une série d’importants travaux ethnologiques pour expliquer sa culture aux Blancs curieux. Elle écrit aussi des romans, des traductions de contes sioux en anglais, et un dictionnaire de la langue sioux. Elle meurt sans l’achever
Zitkala-Sa (Oiseau rouge) (1876-1938) : née dans une réserve sioux du Dakota, Zitkala-Sa est envoyée à l’âge de 8 ans dans une institution Quaker. Elle y découvre l’acculturation et y apprend à jouer du violon. Elle poursuit ses études de musique et finit par enseigner le violon dans diverses institutions. Par ailleurs, elle entame un travail de collecte des légendes de sa tribu, et fait de nombreuses conférences sur l’injustice faite aux Sioux. Elle compose des opéras, tout en continuant d’écrire des textes autobiographiques et politiques.
Pour en savoir plus, lire :
« Squaws - La Mémoire oubliée » De Patrick Deval
Editions Hoëbeke, 2014