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Merveilleux Ken Loach. En l’écoutant ce matin dans le journal de Patrick Cohen sur France Inter, comme à chaque fois que je l’entends, il m’a mis les larmes aux yeux. Est-ce dû à son humilité qui transparait dans la douceur et le débit hésitant de sa voix ; à son ton mesuré toujours dans les nuances, préférant les « peut-être » au « c’est certain » ; à son inégalable humanité doublée d’un talent immense, jamais démenti, reflet d’une âme constante dans ses indignations et ses révoltes ; aux émotions que tous ses films ont éveillées dans le public ; au fait que nous avons exactement le même âge et qu’en ne quittant quasiment jamais la Grande Bretagne, il a parcouru un chemin bien plus ardu que le mien qui s’est pourtant égaré dans bien des recoins tourmentés de notre planète ?  Oui plus ardu car, même s’il est difficile, parfois harassant, d’atteindre des lieux de guerre, une fois qu’on y est, la détresse et la grandeur nous sautent aux yeux dans toute leur horreur ou leur bonté et il suffit de déclencher sa caméra.

Ken Loach, lui, dans l’égoïsme et les cécités de notre société dirigée en sous-main par les tenants d’un libéralisme à tout crin, va sa vie durant, révéler les oripeaux et la purulence qui se cachent sous les chamarrures d’une monarchie au conservatisme tenace. Pas facile, gageure même, de réaliser des films racontant les détresses des laissés pour compte d’un système qui, pour masquer ses travers, privilégie le divertissement à tout va, sur les antennes, dans la presse, au cinéma. A l’affiche les  mélos, les thrillers, les polars, les films d’action, les comédies, mais les drames sociaux mettant en scène des gens ordinaires croulants sous les malchances, victimes de l’oppression coloniale, des restructurations industrielles, des délocalisations,  des  dégraissages  font très rarement parler d’eux et il faut aller dans les cinémas d’art et d’essai pour les trouver.

Ken Loach , lui, grâce à son talent exceptionnel a réussi à franchir les barrages économiques se dressant immanquablement devant ce type d’œuvre qui ne sont pas conformes aux critères de commercialisation des distributeurs. J’ai encore en mémoire quelques-uns de ses chefs d’œuvre comme « Le vent se lève » et « Raining stones ». Aujourd’hui, il récolte le fruit de son travail acharné à défendre les humbles et à les mettre en lumière. Les palmes et les récompenses pleuvent.

Tiens en voilà un qui mériterait bien un prix Nobel. Le cinéma n’est-il pas une forme d’écriture tout aussi valable que les chansons ? Ne manquez pas son dernier film actuellement dans les salles : «  Moi, Daniel Blake ».  Vivaaaaa !  

 

 

 

 

La voix d'un maître.La voix d'un maître.La voix d'un maître.
La voix d'un maître.La voix d'un maître.
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