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Hier, passionnant reportage concernant les « ex Fralib » d’Unilever sur France Inter dans l’émission « Interception ». Après 1336 jours de conflits sociaux et de batailles juridiques contre la multinationale néerlandaise qui voulait fermer le site de Géménos, près de Marseille, produisant entre autres la marque de thé Eléphant, les travailleurs ont remporté une retentissante victoire. Grâce à leurs indemnités, les solidarités syndicales et les aides régionales, ils sont parvenus à racheter leur usine et à l’autogérer. C’est au cours de l’été 2010 qu’ils apprirent sa fermeture programmée sur décision de la multinationale anglo-néerlandaise projetant de déplacer sa production en Pologne. Cet été là, les salariés de Fralib décidèrent d’entrer en résistance. Ils occupèrent jour et nuit leur entreprise pour empêcher le transfert des machines, multiplièrent les manifestations, rédigèrent des pétitions, appelèrent à boycotter les produits d’Unilever et se lancèrent dans une bataille judiciaire contre un groupe pesant 46 milliards d’euros de chiffre d’affaires et employant 170 000 salariés dans le monde. Au cours de ces trois ans et demi de lutte, les travailleurs de Fralib élaborèrent un projet alternatif pour pallier la mort programmée de leur usine, c’est à dire la création d’une SCOP, une société coopérative et participative. En 2012, la métropole marseillaise racheta le site de Gémenos. Pour autant, la bataille juridique se poursuivit. Finalement, en mai 2014, Unilever accepta la signature d’un protocole de fin de conflit avec ses anciens salariés. La multinationale leur versa 19,1 millions d’euros pour monter leur projet de coopérative appelée Scop-TI. En réalité, « seulement » un peu moins de 3 millions d’euros revinrent à cette dernière. La majorité de la somme, soit environ 11 millions d’euros, servit à reverser les salaires non payés pendant la lutte et les cotisations sociales que le groupe avait également refusé de régler. Le reste correspondait à la valeur de l’outil industriel qu’Unilever cédait à ses ex-employés. Aujourd’hui, plus de 2 ans après la résolution du conflit, les machines tournent de nouveau à Gémenos et produisent deux nouvelles marques de thés et infusions aux arômes naturels : 1336 et Scop-TI.

Le combat est-il terminé pour autant ?

- Non affirme Olivier Leberquier délégué CGT, aujourd’hui directeur général de l’usine. On a gagné la bataille contre Unilever et celle-là, on ne pourra jamais nous la retirer. Mais là, on est sur un autre terrain.

- C’est le terrain du capitalisme, enchaine Gérard Cazorla, ex secrétaire de la CGT aujourd’hui président de la SCOP. (Société Coopérative Ouvrière de Production). Nous n’avons pas fait tomber le système avec notre lutte. Nous devons composer avec ce terrain économique et je continue à prendre mes responsabilités, hier comme responsable syndical, aujourd’hui comme président.

Un président qui touche un salaire d’ouvrier qualifié à peine plus élevé que celui de ses camarades de combat et de travail.

A la fin de ce passionnant reportage, je me disais qu’au lieu de supplier les géants industriels de ne pas délocaliser, pourquoi ne pas faire comme les Fralib et se battre becs et ongles afin de s’emparer de l’outil de travail et de créer des coopératives équitables où chaque travailleur se sentirait impliqué personnellement dans la bonne marche de son entreprise ? N’ont ils pas prouvé comme l’avait déjà fait Jaurès avec la verrerie de Carmaux, il y a 123 ans de cela, que l’autogestion n’était pas une utopie ?

Oui, dimanche sur « Interception », j’ai entendu des ouvriers heureux.

A  propos du salaire universel qui a sans doute valu à Benoit Amon de remporter ce premier tour de la primaire à gauche, pourquoi espérer le rendre possible en pressurant encore plus la classe moyenne que trop de fiscalité paupériserait gravement ? Puisque les géants industriels remplacent de plus en plus les hommes par des robots, ce qui leur permet des rendements considérables, ne serait-ce pas à eux de reverser une grande part des économies de salaire réalisées par les machines aux Etats afin qu’ils puissent concrétiser ce projet ambitieux lequel, selon les vœux de Paul Lafargue, le gendre de Karl Marx, permettrait enfin d’instaurer le droit à la paresse ???

 

JB   

Des ouvriers heureux aux commandesDes ouvriers heureux aux commandesDes ouvriers heureux aux commandes
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