Ciel, qu’il est bon de se réfugier dans la poésie quand les tintamarres politiciens nous harcèlent. Pour fuir ces discordances clivantes, je me réfugie dans ma thébaïde, un bureau étroit aux murs tapissés de bouquins où presque chaque matin un petit copain vient me dire bonjour.
Mon moineau de Paris.
Fini l’éclat de rire des mouettes antiboises,
Voici les croassements des corbeaux de Paris.
Après les roucoulades des colombes courtoises
J’ai droit aux enrouements d’un ramier malappris
Dès mon éveil je sais que je suis loin du sud,
De ses petits matins aux chantantes clameurs
Et des fragrances d’iode que la mer exsude.
L’air d’ici est empli de néfastes senteurs.
Pourtant, dès que j’ouvre la porte de mon bureau,
D’instinct mon regard se fixe sur la fenêtre
Avec l’espoir d’y trouver l’un des rares moineaux,
Peut être le seul, qui vit dans ce périmètre.
Quand la cour est encore plongée dans le silence
Et que personne ne peut lui faire opposition,
Il survient d’un seul coup comme une apparition,
Se pose sur la rambarde, tout menu, sans défense
Et a l’air de me dire : « je suis là, donc je pense ».
Ah ce moineau parisien, là bas il me manque
Et ni les tourterelles, ni les mouettes rieuses,
Ni les pins du cap ou les baies rocailleuses,
Ni le charme de ses secrètes calanques,
Ne me font oublier ce petit saltimbanque.
Il est là, le voici.
Mon moineau de Paris.
Vivaaaa !
JB