Parfois dans le métro on vit d’étranges voisinages, des voisinages silencieux, qui s’impriment dans notre cerveau si profondément qu’ils mettent du temps à s’estomper. Ce fut le cas, hier après midi.
Lancinante question
C’était dans le métro roulant vers la Nation
Près de moi trois Africains faisaient triste mine.
Deux jeunes parents, une jolie gamine,
Paraissaient accablés par la déréliction.
J’essayais de guetter dans leurs regards voilés
Un éclat passager, un éclair de bonheur
Mais ils étaient tous trois comme operculés
Par le souvenir d’une indicible douleur.
J’ai voulu leur parler, je n’en eus pas l'aplomb
C’eût été perturber leur silence de plomb,
Les arracher d’un coup à leurs réminiscences.
Qu’avaient-ils vu là-bas, ou ici même en France
Pour ne plus exprimer la moindre espérance ?
Ce matin je me pose encore cette question.
JB