Un jour pour les femmes, ha ! ha !

 « Une journée des droits de la femme », quelle offense pour vous Mesdames. Quand j’étais petit on célébrait la fête des mères et la mienne avait droit de ma part à un petit poème et un bouquet de fleurs des champs que je venais de cueillir. Les tous premiers vers que je lui ai dédiés commençaient ainsi, je m’en souviens encore : « Maman, toi qui nous élève et qui nous mène au bien, j’espère qu’aujourd’hui ton cœur est aussi content que le mien ». Je devais avoir huit ans et je n’avais bien évidemment encore jamais lu aucun de nos grands poètes.

 Malgré l’indigence de ma toute première tentative poétique, j’ai encore en mémoire le sourire radieux de ma mère, de toute évidence très émue par mon initiative.

Plus tard, parce que ce genre de célébration booste le petit commerce, on a inventé la fête des pères à laquelle je n’ai pas du tout adhéré, la décrédibilisant auprès de mes enfants qui auraient peut-être été tentés de m’offrir un présent. Il y a la Saint Valentin qu’en revanche je ne manque pas d’honorer car il n’y a rien de plus beau à mes yeux que deux êtres qui s’aiment et traversent la vie en s’aimant. Néanmoins, comment dire, je trouve qu’il y a quelque chose que je qualifierais d’opportuniste et de paternaliste dans cette journée des droits de la femme. A croire qu’elle pourrait leur faire oublier toutes les autres où elles s’échinent aux tâches ménagères et supportent les colères voire les violences d’un mari ou d’un compagnon tyrannique. Non ! Et d’ailleurs elles le prouvent aujourd’hui en dénonçant d’elles mêmes, sans attendre de mâles soutiens, les harcèlements, viols, brimades qu’elles ont eu à subir dans nos sociétés patriarcales. Elles le font avec véhémence, voire avec certains excès, comme toutes les colères qui explosent après des siècles de résignations, jalonnés de révoltes sporadiques. La période des suffragettes a débouché sur l’obtention du droit de vote qu’elles n’auraient jamais obtenu sans combat. Cette période-ci devra en principe aboutir dans nos sociétés évoluées à une parité générale qui mettra enfin la femme au même niveau que l’homme dans tous les domaines. Eh oui, nous vivons actuellement un moment révolutionnaire et à cette « journée des droits de la femme » hélas toujours d’actualité, je préfèrerais une journée de la fraternité, un mot qui de nos jours est tombé en désuétude.

Surtout n’oublions jamais que tout ce que nous avons acquis par les luttes de nos mères et de nos pères est sans cesse remis en question par ceux qui vénèrent le veau d’or ou des dieux inventés dans les temps les plus obscurs de l’humanité. A bas les dogmes ! Vive la fraternité entre les humains des deux sexes, cela va de soi.

JB