L’affolement des apiculteurs, devant les décès massifs d’abeilles, m’a inspiré cette fable qui est avant tout un cri d’alarme. Bonne journée douces butineuses qui enchantez nos prairies. Qui pollénisera nos cultures quand vous ne serez plus là ???
L’abeille et le paysan.
Un paysan borné épandait sur ses terres
Avec un gros tracteur des désherbants chimiques.
Il portait un masque spécial pour filtrer l’air
Et ne pas inhaler les effluves toxiques.
Une abeille affolée entra dans sa cabine
Pour y trouver refuge. Elle avait la nausée,
Perdait tous ses repères, était ankylosée.
Désespérément, elle cherchait une combine
Pour fuir le poison qui, tel une bourrasque,
La projetait très fort contre tous les obstacles
Qui étaient à l’intérieur de cet habitacle.
Elle réussit, par chance, à s’agripper au masque
Puis à s’immiscer à l’intérieur, à l’insu
De celui qui la tuait sans même le savoir.
Et le lourdaud qui ne l’avait même pas vue
Entendit, très surpris, son dur réquisitoire.
Avec tes nuées blanches, tu tues tout ce qui vit
Les vers de terre qui font respirer tous les sols,
Les fourmis, les cigales, les oiseaux à l’envi.
L’hirondelle se fait rare comme le rossignol
Qui, les beaux jours venus, donnait ses sérénades.
Les fleurs sauvages qui faisaient de nous des gloutonnes
Et donnaient du bon miel sont toutes en reculade.
Avec celles que vous cultivez, on s’empoisonne.
Colza ou tournesol ont ont une couleurs mortelle
Si belle à regarder, si funestes à l’usage.
Sommes-nous devenus des êtres sacrificiels
Dédiés au dieu argent qui vous a mis en cage??
Nous mourrons les premières mais vous suivrez très vite,
Vous et les gens qui achètent vos produits nocifs,
Si vous ne cessez pas les funestes conduites
Dictées par des lobbies qui vous tiennent captifs.
Soudain le paysan perçut le zézaiement
De l’abeille cachée tout près de ses narines.
De peur, il ôta son masque. Instinctivement,
Il aspira un air surchargé de toxines,
Et dans la foulée avala l’hyménoptère
Qui en piquant sa gorge lui dit encore ceci :
"Voici ce qu’il advient quand on pollue sa terre
Je me meurs il est vrai, mais toi tu meurs aussi".
Si je t’avais fait grâce, ton poison mortifère
T’aurait, lui, lentement rongé de l’intérieur
Et tu aurais péri dans d’atroces douleurs
Avant d’aller pourrir dans un cimetière.
Puisse par cette double mort, tes congénères
Saisir
Qu’avec l’abeille c’est l’homme qui aussi va mourir..
JB