Les quatre mille îles.

C’est désolant d'être ainsi autocentré par l’affaire Benalla qui nous fait oublier tant d’autres drames humains. J'essaye de m'intéresser le plus possible au peuples opprimés, mais c'est vrai qu'on parle moins des pays plus  lointains comme le Laos dont le pouvoir, identique à celui du Vietnam ou de la Chine, est tenu par une poignée d'anciens staliniens qui musèle le peuple. L'info passe mal parce que là-bas, elle est totalement sous contrôle.

Or, une catastrophe terrible vient de frapper « le pays du million d'Eléphants » (presque tous massacrés ou voués à la servitude aujourd'hui).

Le 23 juillet, un barrage hydraulique en construction près d’Attapeu s’est effondré. 5 milliards de mètres cubes d’eau se sont déversés dans la plaine en aval du chantier, six villages ont étés entièrement submergés. Il y aurait plusieurs centaines de disparus.

J'aime le Laos, j'aime ses ethnies accueillantes, j'aime ses paysages et j'aime ce Mékong, gravement pollué par la Chine: une pollution qui cause à la longue sans doute plus de dégâts sanitaires que cette rupture de barrage soudaine due sans doute à l’incompétence d'une administration opportuniste qui a négligé les risques des variations climatiques brutales en saison des pluies.

Un peu avant qu’il ne dévale par les chutes de Kkone vers Stung Treng au Cambodge, le Mékong retenu par des hauts plateaux rocheux, s’étale telle une vaste mer intérieure dans la province laotienne de Champassak. On appelle ce lieu extraordinaire de beauté et de paix SI PHAN DON ( les 4000 îles). Les Laos qui vivent sur ces îles ayant miraculeusement échappé aux tentations mercantiles y sont émouvants de simplicité et de gentillesse. Nous y sommes passés il y a quelques années de cela et en avons gardé un souvenir ému. Ce sont ces îliens que le déferlement des eaux vient de terriblement endeuiller. Notre tristesse est profonde.

JB