Récemment un politicien qui se prétend révolutionnaire s’est moqué de l’accent d’une journaliste qui voulait l’interviewer. A ce vieux jacobin sectaire je dédie ce poème…
L’accent
L’accent est la musique d’une langue antérieure
Le rappel touchant des mots phagocytés
Par le français classique des monarques vainqueurs
Ou de la République soucieuse d’unité.
Enfant, en Savoie, j’aimais parler le patois
Dans la cour de l’école avec mes copains
En évitant bien sûr que le maître nous voie
Et que sa règle vienne nous cingler les mains.
Nous ne connaissions pas l’histoire de cet idiome
Qui avait peut-être été celui des Allobroges
Dont notre chant de marche faisait un tel éloge
Qu’il éveillait en nous un esprit autonome.
Allobroges vaillants dans nos vertes campagnes
Nous respirions l’air pur de nos proches montagnes
Et ne comprenions pas pourquoi les enseignants
Lorsque nous patoisions nous châtiaient durement.
Ce langage opprimé fut pour nous un refuge
Un parler de rebelle face au français gagnant
Qui s’abattant partout comme un puissant déluge
A noyé notre langue dont nous gardons l’accent.
Dans le sud très tôt ce fut un cauchemar
Avec ces croisés massacrant les cathares.
Mais ces gens du midi qui roucoulent en parlant
Font revivre les sons du langage occitan.
Les consonnes accentuées par certains Vendéens
Sont des survivances du patois maraîchin
Mais si elles se transforment pour en changer le son
Elles signalent qu’elles viennent du dialecte breton.
Et dans le chtimi au chuintement rigolard
S’exprime sans réserve la langue des Picards.
Quand les premières syllabes des mots résonnent bien
Se cache derrière elles la langue des Alsaciens.
Soyons fiers mes amis de cette diversité
Qui nous préserve encore de l’uniformité
Et méprisons ces locuteurs présomptueux
Qui voient dans nos accents des parlers de bouseux.
Vivaaaaaaa !
La pub qui s'inscrit dans mes textes est récente. Elle se fait contre ma volonté sans qu'on m'ait demandé mon avis. Ne la lisez surtout pas. C'est une intrusion.