Un dimanche à Paris…

Hier, je suis allé voir Girl. Qu’en dire ? Le thème de la transsexualité interpelle. Le jeune comédien qui incarne ce garçon se vivant comme une fille, avec d’ailleurs l’assentiment et la complicité de son père, se révèle très émouvant. Le père aussi d’ailleurs. C’eût pu être un très grand film si le jeune réalisateur avait été plus expérimenté. Tournée comme un documentaire, l’histoire, à mon avis, comporte trop de séquences interminables faites de dialogues plats où il ne se passe pas grand chose et surtout l’image et le son laissent beaucoup à désirer. Si « Girl » avait bénéficié d’un bon dialoguiste et d’une bonne réalisation, nous aurions pu vivre un moment passionnant. Comme c’est une première œuvre on se sent obligé d’être indulgent. J’ai néanmoins quitté la salle sur un sentiment de frustration. Il y avait tous les ingrédients d’un grand film, mais pas encore la patte…

Dans le 20h de TF1 samedi on a pu voir un reportage sur le Yémen d’une journaliste qui officiait déjà quand j’étais à la Rédaction. Etant sur le terrain, elle avait l’opportunité de nous révéler ce qu’il se passait vraiment. Or qu’avons-nous appris ? Nous avons appris que des milices pro-iraniennes semaient la terreur dans ce pauvre pays ravagé par la guerre. Elle n’a pas prononcé le mot chiite mais bien le mot pro-iranienne. Elle a, bien sûr, trouvé des miliciens sunnites et donc pro-saoudiens pour étayer son commentaire univoque. A la fin de son sujet nous étions convaincus que le méchant, c’était l’Iran.

Elle n’a pas dit un mot sur la coalition saoudienne qui, avec la complicité des Etats-Unis et de leurs alliés dans la région, pilonne quotidiennement le Yémen, rase ses villes, décime sa population et pas un mot non plus sur les militaires saoudiens qui encadrent les milices sunnites tirant sur les quartiers chiites.

Pas question pour moi d’opposer à cette ex-consœur un manichéisme inversé et de dire que les méchants sont les sunnites. Qu’elles soient sunnites ou chiites les milices ne sont pas là pour faire de l’humanitaire. En vérité, cette « envoyée spéciale » eût pu préciser que ce pays occupe une position éminemment stratégique à l’entrée de la mer rouge, voie maritime essentielle des Tankers qui approvisionnent en pétrole les pays occidentaux et qu’il n’est pas question pour les ploutocrates du golfe que les 45% de chiites du pays puissent permettre à l’Iran proche d’avoir un droit de regard sur cette région. La guerre au Yemen est en fait une guerre géostratégique entre l’Arabie Saoudite et l’Iran dont le peuple yéménite paie la sanglante facture. Et franchement ce n’est pas Téhéran qui écrase ce pays sous des tonnes de bombes mais bien les Saoud qui n’hésitent pas, par ailleurs, à découper en morceaux un de leurs journalistes d’opposition dans un consulat de Turquie.

Pourquoi tant de partialité ?

Vivaaa !