Ce poème a été écrit dans le TGV Toulouse-Montparnasse. Le voici avec une nuit de retard.
Le retour
Le canal du midi est resté à Toulouse.
Le train longe déjà celui de la Garonne.
Sous un ciel bien gris, un groupe de farlouses
Rase les prés jaunis de cette fin d’automne.
Ce départ sans soleil agite ma mémoire.
J’ai, dans cette région, connu de vrais beaux jours
J’étais encore actif, remuant, plein d’espoirs.
De la vie qui est courte, j’étais à mi-parcours.
Que de fêtes a-t-on fait en Aude et en Ariège
Ces terres où j’ai naguère adoré habiter
Mes enfants étaient jeunes, et c’était là le piège
Car je n’avais sur eux aucune autorité.
J’étais, me semble-t-il, aussi gosse qu’eux-mêmes
Un chef de bande, oui, leur géniteur bien sûr,
Mais le père sensé qui raisonne et rassure
Ne m’habitait pas trop, c’était là mon dilemme.
A Bordeaux le soleil qui a daigné se montrer
A gommé mes regrets et ma mélancolie
D’avoir revu mes filles que j’ai idolâtrées
Et auxquelles j’ai transmis quelques grains de folie.
J’ai aussi vu ma sœur, dans un village audois
Vivre une solitude glaciale et pathétique
Mais refuser l’idée d’être admise en clinique
Décrétant au docteur « Je veux mourir chez moi » !
Il fait nuit maintenant, Paris n’est plus très loin
Je ramène dans mon cœur mes joies et mon chagrin.
Au bout du quai m’attend une menue silhouette
Qui d’un seul coup m’envoie du soleil plein la tête…
Vivaaaa !
JB
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