Ils puent ces faux savants qui s’écoutent parler et croient faire illusion parce qu’ils remplacent par des expressions anglaises des mots français pourtant beaucoup plus doux à l’oreille. Certains, intentionnellement ou non, commettent des fautes de conjugaison et des erreurs sémantiques qui trompent ceux qui les écoutent. Notre maître des mots, Jean-Claude Perpère, avec son accent d’Occitanie qui fait vibrer de joie nos lexiques, les remet à leur place.
Comment se résigner à la veule impuissance
Devant l’amer spectacle des nombreuses offenses
Subies jour après jour par notre belle langue ?
L’ignorance l’étreint dans la hideuse gangue
De vices de syntaxe et d’indigents jargons,
Abâtardie du trop d’intrus anglo-saxons.
Ecoutez donc l’idiome des fats de nos media
Qui semblent savourer leurs mots de charabia
Singés de l’Outre-Manche ou mieux, d’Outre-Atlantique
Pour épicer le français qu’ils jugent prosaïque.
Et entendez-les donc, calés dans leur siège,
Annoncer un « best of » plutôt qu’un florilège.
Ce terme poétique leur semble-t-il flétri
Car, évoquant les fleurs, il sent le pot-pourri
Qui parfumait jadis le salon des grands-mères ?
Le jugent-ils alors trop chargé de poussière ?
Savent-ils ces champions de la langue nouvelle
Affadie d’exotismes et de vocables sans sel
Que le nom qu’ils méritent nous vient du vieux latin,
Qu’il n’est en rien flatteur et qu’il n’a rien d’urbain :
Snob est la contraction de l’ancienne formule
Qui, aux nobles anglais, désignait leurs émules
Lesquels, nés de sang rouge, prétendaient l’avoir bleu :
« Sine nobilitate » nomme les gens de peu.
Certains de leurs confrères, tout autant péremptoires
Bravent le solécisme et les fautes notoires.
Ils disent, tout farauds, « après qu’il ait », « après qu’il soit »,
Usant du subjonctif, sûrs que ça va de soi.
Ils « se rappellent de », « pallient à » et, niaisement,
Qualifient d’alarmiste ce qui est alarmant.
Assaisonnant de faux sens leur crasse syntaxique
Ils nomment « aèropage » un cénacle de caciques,
Et prennent sans broncher décennie pour décade
Disent d’un coup d’épée que c’est une « estacade »,
On n’ose appréhender, outre ce compendium,
Que l’un d’entre eux ne prenne le Pirée pour un homme !
Mais maintes confusions sont plus préoccupantes
Car elles sont ourdies par d’habiles sycophantes
Pour servir et répandre leur idéologie :
Sophismes, syllogismes et amphibologies
Amalgament les notions, arasent les nuances
Pour du vrai sens des mots gauchir la congruence.
Or, et malgré qu’en aient les divers sectateurs,
Je refuse de me rendre aux discours réducteurs
Qui font antisémite qui critique Israël
Ou antimusulman un laïc, sans appel.
Jean-Claude Perpère
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