Hier avec l’ami Jean-Claude, le barde occitan, nous devisions à la terrasse d’un café de la rue du Commerce et nous parlions, non pas de politique, mais des personnages du passé qui nous ont impressionnés. De Vauban à Louis XIV en passant par Gengis Khan, Tamerlan, Sitting Bull, Robespierre, Clémenceau, etc nous survolions l’histoire à grands traits mais avec une telle exaltation, un tel engouement, que les passants ou les consommateurs proches de notre table pouvaient penser que nous étions en train d’évoquer des personnes intimes et je réalisai alors les fabuleux surcroits de vie que nous offre l’histoire.
Hypermnésie
Je suis tout, je suis rien, j’ai l’âge d’un primate
D’un « homo habilis » affamé mais tenace
Qui heurte deux pierres entre elles comme un automate
Sans savoir vraiment qu’il conçoit un biface.
Ce que veut cet hominien « nu et désarmé »
Que dépeignait Teilhard dans l’animal humain,
C’est renforcer ses mains pour, en vrai, mieux s’armer
Contre les bêtes féroces et apaiser ses faims.
D’avoir été si faible dans ce milieu austère
L’a rendu à la fois opiniâtré et rageur..
Quand il put se défendre, il devint Ergaster
Un chasseur avisé et un très bon marcheur.
Je suis aussi Diogène le clochard athénien
Philosophe qui, avec un esprit sans pareil,
Houspille Alexandre l’empereur macédonien
Qui voulant l’aborder, lui cache son soleil.
Je suis aussi Vercingétorix le rebelle
Que César dans Rome exhiba attaché.
Et je deviens parfois Jeanne d’Arc la pucelle
Que l’évêque Cauchon condamna au bûcher.
Serais-je Raymond IV ou Raymond de Saint-Gilles
Un grand chef des Croisés ? Ce seigneur occitan
Fit bâtir un fort, à Tripoli, au Liban,
Qui laissa aux Arabes son nom indélébile.
Serais-je Amédée VI ce comte de Savoie
Appelé Comte Vert ? Il aimait les tournois,
Les chevauchées fantasques des chevaliers errants
Et partit au Levant combattre l’Ottoman.
Je serais, ou je suis quand j’écoute l’histoire
Un humble chasseur cueilleur, un manant, un faquin
Un prince ou un guerrier auréolé de gloire,
Un faux-saunier aimé comme l’était Mandrin.
J’ai des millions d’années inscrits dans ma mémoire
Qui font que je n’ai pas que quatre vingt trois ans.
Par bonheur, il me reste tant de cases à pourvoir
Et de héros à vivre avant l’ultime instant.
VIVA !
JB
La pub qui s'inscrit dans les textes est récente. Elle se fait contre ma volonté sans qu'on m'ait demandé mon avis. Ne la lisez surtout pas. C'est une intrusion.