Le temps est un peu gris. Sans doute influe-t-il sur mon humeur
Mélancolie
Bien souvent je séjourne dans la mélancolie
C’est un refuge sûr contre les agressions
Sonores du dehors, les propos impolis
Ou les clameurs haineuses des foules en éruption.
Je flâne chaque jour au milieu de passants
Qui n’ont pas l’air heureux ni non plus très aimables
Et semblent préoccupés. Je le vois, je le sens.
Les plus anxieux fixent l’écran de leur portable.
J’ai de la compassion pour tous ces inconnus
Qui ne savent plus prendre le temps de respirer,
De regarder les gens qu’ils croisent dans la rue
Et d’avoir un visage un peu plus éclairé.
Pour fuir ce présent triste j’ai un passé, par chance,
Qui m’offre les souvenirs d’un monde disparu.
Ce kiosque à journaux désormais ne sent plus
L’encre d’imprimerie et ses subtiles fragrances
Qui diffusaient sur nous leur parfum d’évasion.
D’autres senteurs captaient aussi notre attention
Celles qui émanaient de la boulangerie.
Elles fleuraient le pain chaud et les viennoiseries.
Du primeur s’évadaient des arômes exotiques
De figues fraiches, de bananes, de coriandre, de dattes,
Et comme, par bonheur, je ne suis pas amnésique
Je badaude aujourd’hui tout en changeant de date.
La rue de ma jeunesse est bien plus attrayante
Les gens discutent entre eux et se saluent de loin
Le marchand de légumes les hèle et les tente
Le boucher fait de même. Me voici plus serein.
Puis la réalité soudain refait surface
Et m’inflige ce présent qui n’est pas très joli
Avec ses pollutions bruyantes et les faces
Soucieuses des passants, d’où cette mélancolie.
JB