Eh oui ce monde actuel nous agace, nous les anciens, comme si nous n’avions pas contribué à le bâtir…
De mon temps
Parfois des nostalgies humidifient mes yeux
Un peu comme ces anciens de ma petite enfance
Qui nous disaient, l’air vague, « De mon temps c’était mieux ».
Comme eux aujourd’hui, je crois que je le pense.
Pas mieux, certes, au niveau de notre humanité
Les fanatismes ne nous auront pas ménagés
En imposant au monde les pires adversités,
Et pour pouvoir survivre, il fallait partager.
L’occupant nous privait des meilleures nourritures
Qu’il raflait pour ses troupes nous laissant les rognures
Ah ça, on n’était pas pourri de friandises
Et croquer une pomme était une gourmandise !
Nos jouets, c’étaient nous qui nous les fabriquions.
Avec notre Opinel, quelques morceaux de bois,
Des roulements au rebut, des clous, de vieux chiffons
On créait des poupées, des chariots, des camions.
Rien ne tombant du ciel, nous étions inventifs
Comme peuvent l’être aujourd’hui des enfants africains
Qui comme nous hier ont l’air plutôt chétifs
Mais savent se bricoler de fabuleux engins.
Qu’est qui était donc mieux, de mon temps, quand j’y pense ?
Eh bien, je vous le dis, le manque d’abondance !
Aucun écran de Smartphone hallucinatoire,
Pas de trottinettes qu’on jette sut les trottoirs,
Très peu de voitures, réservées aux notables,
Très peu de camions, mais des trains à foison
Et des bus qui partout assuraient les liaisons,
Des fruits et des légumes qui étaient délectables
D’autant plus qu’on n’en mangeait pas à profusion.
La viande était très rare et le pain rationné
Le beurre inexistant, le lait additionné
D’eau et pourtant nos joies vous sont insoupçonnées…
« De mon temps » l’air était véritablement pur
Sans du pétrole les insalubres odeurs.
Les prairies accueillaient des myriades de fleurs.
Abeilles et papillons leur servaient de parure.
De mon temps j’adorais l’école buissonnière.
Elle complétait les cours de sciences naturelles
De nos maitresses et maîtres de l’enseignement primaire
Qui savaient défricher nos cervelles rebelles.
De mon temps je rêvais d’avoir un beau vélo.
Mes parents ne pouvant, hélas, pas me l’offrir
Je dus effectuer pleins de petits boulots
Pendant mes vacances pour enfin l’acquérir.
« De mon temps »… Stop, papy ! Ton temps est révolu !
Ne gâche pas le nôtre avec tes souvenirs
Ce monde votre génération l’a bien voulu
Et c’est nous qui allons forcément en pâtir.
JB