Mon humeur du jour
Ma voix
Pendant longtemps on ne « voit pas le temps passer »
Jean Ferrat l’a pourtant composé et chanté
Ce poème qui parfois à l’aube vient me hanter
Quand l’arthrose me réveille pour mieux me tracasser.
Aujourd’hui je la sens cette réalité.
Ma vie de bourlingueur fut riche d’imprévisions
J’en entends tous les sons malgré ma surdité
Je la revois malgré ma baisse de vision.
L’âge venant on entre dans l’obsolescence.
Et on a forcément de piètres performances.
On peut avoir le charme d’une « traction avant »
Que pour faire durer on répare souvent.
On nous met du téflon dans une hanche usée,
Des prothèses auditives pour notre ouïe déficiente
Des piles à impulsion pour nos cœurs épuisés
Des cristallins plus clairs pour notre vue fuyante.
Mais il est des affections encore très rebelles
Comme la DMLA qui sur notre rétine
Détruit la macula, ce capteur de pixels
Si complexe qu’on ne peut lui mettre de rustines.
La médecine y travaille et trouvera c’est sûr.
Mais qu’il est dur, pour l’heure, de voir se déformer,
Des proches que l’on aime, les corps et les figures
Et d’être dans un monde constamment embrumé.
Je ne distingue plus les sites chers à mon cœur.
J’avance dans un flou qui parfois me fait peur.
Des fleurs je ne perçois que taches de couleurs
Et ne les reconnais que grâce à leurs senteurs.
Et pourtant il me reste une force pugnace
Par laquelle j’exprime mes colères et mes joies
Et tant qu’elle sera là, je resterai vivace.
La mort pourra venir quand je perdrai ma VOIX.
Vivaaaa !
JB