Verlaine disait « de la musique avant toute chose » Mais parfois aux harmonies du violon et du piano, les disharmonies et les fureurs des tambours et des cymbales s’imposent.
Photosynthèse.
Il m’arrive de rêver d’un monde sans querelle
Sans fureur, sans misère, sans horreur, sans tyran,
D’un monde qui serait paisible et rassurant
Avec que des médias porteurs de bonnes nouvelles.
Le sommeil, quand il vient, me berce d’illusions.
Mes réveils à chaque fois confinent au cauchemar
Et dès que mes yeux s’ouvrent, elle arrive sans retard,
Cette actualité pleine d’altérations.
On tue, on s’étripe, on s’insulte, on massacre
De toutes les turpitudes les journaux sont porteurs.
On se dit pourquoi donc célèbrent-ils le sacre
De dépêches qui plombent dès l’éveil notre humeur ?
On pourrait, pourquoi pas, prendre la décision
De favoriser les nouvelles édifiantes
Et de raccourcir les autres informations
Qui la plupart du temps sont hélas déprimantes.
Oui mais ce sont celles-là qui font les meilleurs scores.
A croire qu’on est tous attiré par le crime,
Que l’horreur nous fascine tout autant que la mort
Dès le moment où nous n’en sommes pas les victimes.
On peut rêver d’harmonie durant notre sommeil
Mais le désordre est inscrit dans notre ADN
A l'instar des arbres on veut atteindre le soleil
Quitte à faire de l’ombre à tous ceux qui nous gênent.
C’est la dure exigence des grandes sylves primaires
Qui permet aux anciens de capter la lumière
Et d’empêcher les plus chétifs de prendre leurs aises
C’est comme cela que procède la photosynthèse.
Eh oui on se comporte tous comme des végétaux
Prophètes ou penseurs n’ont pas fait de prouesse.
Nous ne sommes pas sortis du stade du roseau
Qui peut penser en groupe, mais pas en tant qu’espèce
Doté d’un esprit très déductif à ses heures
Et d’organes préhensiles, l’homme a armé ses mains
Puis fut, au fil des siècles, un génial inventeur
Qui sur la biosphère imprima son destin.
Le voici submergé par la cybernétique,
Happé par des Smartphones qui l’empêchent de voir
Où le mènent ses pas d’être somnambulique
Qui est déboussolé quand son écran reste noir.
Oyez ! oyez ! multitudes aveugles et grégaires
Si vous vouliez atteindre la félicité
Il vous faudrait abattre les hommes les plus prospères
Qui projettent leur ombre sur toute l’humanité.
Si la photosynthèse qui régit les forêts
Ne nous apporte à nous que déboires et méfaits
Pouvons nous la chasser de nos inhibitions ?
C’est, bien sûr, aujourd’hui, la cruciale question.
Vivaaa
JB