Inspiration du jour : l’approche de Noël
« Jouez hautbois, résonnez musettes »
(Après une maudite pub)
C’est vrai que la poésie plait quand elle fait rêver
Ou qu’elle s’attarde à dépeindre de beaux paysages
Des ciels inoubliables, des sites préservés
Des clarines qui tintent sur de verts pâturages
Des amours qui enchantent une belle jeunesse
Ou qui résistent bien à l’usure du temps
Des émotions intimes, des scènes de tendresse
Des moments de bravoure, des actes exaltants
Mais dès que le rimeur s’égare en politique
Ou essaie d’aborder des sujets contrariants,
La courbe de son audience fait une chute tragique.
Et lui dit clairement d’être un peu moins chiant.
Il va donc s’efforcer le lendemain matin
De se montrer plaisant en ciselant de beaux vers
Pour plonger ses lecteurs dans un doux univers
Et retrouver sa cote, tel un vieux cabotin.
Mais il n’oubliera jamais qu’il fut un reporter.
Quand une nouvelle lui plait ou le met en colère
Qu’importe si ça dérange, ne pouvant pas se taire
Il exprime sa joie et souvent vitupère.
A Antibes l’attendent le goéland grognon
La tourterelle hardie, les trilles du pinson
La présence puissante du Micocoulier
El de la mer si proche le ressac familier.
Alors de là-bas, oui, il oubliera un peu
Les hourvaris du monde qui convergent sur Paris
Et s’attachera plus à ces moments heureux
Qu’à l’écart des cohues on apprécie bien mieux.
Puis il ira a Toulouse voir toute sa famille
Les grands petits enfants que lui ont donné ses filles :
Le beau Lulu, un champion de l’informatique,
Qui à Cap Gemini fait un stage technique,
Elissa qui s’oriente vers l’agriculture
Pas celle des pollueurs, mais celle du futur,
Romane passionnée par tous les animaux
Et qui a décidé d’en faire son boulot
Milan le rêveur qui cherche encore sa voie
Mais qui, n'en doutons pas, fera un très bon choix
Et puis il y a le plus jeune. C’est un sacré costaud
Presque un géant déjà. Il s’appelle Paco.
La courbe du rimeur remonte vers le haut
Et s'il s'accorde le temps comme le grand Nougaro
De rêvasser le long du canal du midi
Où les bruits de la ville parviennent assourdis
Laissant les feuilles mortes que pousse le vent marin
Emettre leur bruissement et danser sur les rives,
Vous allez tous penser au chanteur toulousain
Et il lui devra une audience exhaustive.
Si on ajoute Noël, ses ripailles, ses « youpi »
Et après de bons vins les histoires de papy
Qui raconte les peuples et les pays qu’il aime
Les « likes » ralentissent mais restent nombreux quand même.
Néanmoins quand, arrivé au terme du poème,
Il décrète que Trump et Johnson font la paire,
Que le monde tel qu’il est chaque matin l'exaspère
Des gueules grimaçantes remplacent les clics « J’aime »
C’est la loi du marché, il faut égayer l’âme
Inspirer du bonheur, répandre des dictames
Pour ne pas assombrir cet univers marchand
Qui nous aveugle avec ses guirlandes d’argent.
JB