un triste mercredi
(qu'une pub indésirée ne rendra pas plus joyeux)
La neige avait saupoudré nos si proches sommets
L’Epine, le Granier, le Revard, le Nivolet.
Le soleil réchauffa leurs rugueuses parois
Que frôlaient des nuées légères comme de la soie.
Très vite ont fondu ces blanches pulvérulences
Et toutes nos montagnes sont redevenues bleues
Une lumière d’or a purifié les cieux
Et a paré le lac de chatoiements intenses.
Chez Lucette et Rémi on a fait pèlerinage.
Tu aimais cette maison nichée sur les hauteurs.
Après le déjeuner, au milieu des branchages
D’un bouquet de bouleau, j’ai joué les dormeurs.
Un vent froid, par bouffées, soulevait les feuilles mortes
J’ai senti que tu étais près de moi, muet,
Que nous revivions tous deux les heures fortes
De notre enfance qui nous a marqués à jamais.
La journée a passé sans qu’on parle de toi
Encore tout imprégnés de tes proches présences
Aucun de nous n’osa souligner ton absence
Pourtant elle pesait lourd dans nos propos sans joie.
Il fait déjà sombre mais les monts sont éclairés
Par un soleil rasant qui quitte la vallée
Là-bas la Dent du Chat darde sa pointe dorée
Sans le moindre nuage pour la dissimuler.
Quand nous nous séparons aucun oiseau ne chante
Pas un seul piaulement de merles alanguis.
Tu es là, on te sent. Ton image nous hante
Elle m’accompagnera ce matin à Paris..
JB