Journal d’un confiné.
(Après l'intrusion publicitaire)
C’est l’heure du café
Même si l’actualité nous conte les méfaits
De truands sans scrupules, de tueurs hallucinés,
On se plait à rêver quand on est confiné,
A de belles utopies, à un monde mieux fait.
A quoi vais-je penser dans ce couloir obscur
Qui, partant de la chambre, débouche sur le salon
Lequel laisse pénétrer une portion d’azur
Qui attise d’un coup mes désirs d’évasion.
Et dans ma tête j’entends le goéland râleur
Qui là-bas à Antibes s’exprime de bonne heure
Puis le chœur déférent de sa petite troupe
Qui des remparts s’envole pêcher vers la Garoupe.
Et quand leurs cris s’éloignent, la hardie tourterelle
Surgit sur mon balcon dans un froissement d’ailes
Et d’un hochement de tête rappelle, la mâtine,
Que je dois lui donner un bout de ma tartine.
Quant au pinson qui niche dans le micocoulier
Il me caresse l’ouïe de ses notes joyeuses.
Elles se mêlent au ressac devenu familier
De la mer qui de loin me semble langoureuse.
Mais l’illusion prend fin quand j’entre dans ma cuisine
Parisienne qui s’ouvre sur une étroite cour
Ne comportant pas la moindre issue de secours
Pour fuir par la pensée ce mal qui nous chagrine.
Le café s’écoulant goutte à goutte dans son pot
Exalte mon odorat et j’oublie aussitôt
Cette prison dorée privée d’espaces ouverts
Pour jouir de ce breuvage comme un être larvaire.
Viva !
JB