En écoutant « Le petit bal perdu »…
(Après l'intrusion de la pub)
Le petit Quinquin
Non, il ne se souvient plus de son p’tit bal perdu
Ce cher Bourvil dont la voix très souvent m’épreint
En faisant rejaillir des émois éperdus
De mon bal à moi dont je me souviens très bien.
Il était hors la ville, pas loin d’une caserne
On y allait vers vingt heures juste après le diner,
Laissant nos mères inquiètes et un peu chagrinées
De nous voir fuir des veillées devenues trop ternes.
A vélo je dévalai jusqu'à Chambéry
Où l’ami Jean m’attendait place Saint Léger.
A grands coups de pédales et d’espoir submergés,
Dans des crépuscules mauves emplis de féérie,
Sous des ciels pétillants et le chant des grillons
Qui vibrait dans l’air frais, survoltés, nous roulions..
Notre bal dont le fanal se voyait de loin
S’appelait, oui, s’appelait le « Petit Quinquin »
Oui je me souviens bien de ce petit Quinquin
Avec sa grande salle et son bar très bruyant
Où s’agglutinaient tous les danseurs défaillants
Et ceux que les filles ne trouvaient pas assez bien.
Ils se consolaient en se saoulant au vin blanc
Tandis que les beaux gosses avançaient triomphants
Parmi toutes ces filles, le long du mur assises
Qui attendaient qu’on les invite et les courtise.
Parmi elles aussi certaines faisaient banquette
Tandis que l’orchestre jouait des airs de musette
Les balourds au bar préféraient rester vissés
Plutôt que d’aller les inviter à danser.
Eux aussi, ils guignaient les plus belles du lot
Mais n’ayant aucune chance, ils devenaient envieux.
Ils se consolaient tous en buvant beaucoup trop.
Et plus ils étaient ivres plus ils étaient furieux.
Puis, invariablement, vers deux heures du matin
Au moment où bâillaient serveurs et musiciens
Les ivrognes insultaient les beaux gosses chanceux
Qui répliquaient en les traitant de gros bouseux.
Et alors éclataient de furieuses empoignades
On repartait chez nous le corps en marmelade
Sur des vélos instables qui perdaient leur chemin
Quand ils quittaient à l’aube le « petit Quinqin »
VIVA !
JB