Racisme et déboulonnage : deux mots qui méritaient la vision sereine du rimailleur. Il lui a fallu du temps pour prendre de la hauteur et pondre ces quatrains qui ont germé dans son cœur.
(Après l’intrusion culotée de la pub)
Une et indivisible !
Le racisme n’est pas une hérédité spécifique
C’est une tare qui touche toute l’humanité
De l’Europe à l’Asie, en passant par l’Afrique
Sans oublier, bien sûr, les pays d’Amérique
Le mieux serait de dire laquelle était parfaite,
Parmi toutes les nations vivant sur la planète
Laquelle aurait été exemptée de racisme
Au point même d’ignorer toute forme d’ostracisme.
Le racisme est l’arme favorite des tyrans
Qui canalisent les frustrations et les haines
De leur peuple sur les populations allogènes
Comme le fait aujourd’hui l’infâme Erdogan.
Le Kurde reste son principal bouc émissaire
Comme l’était le Juif pour l’abominable Hitler.
Or force est de reconnaître que nous aussi avons
Des racistes cachés dans nos institutions.
Des vidéos révèlent des actes inqualifiables
D’agents que l’on appelle des gardiens de la paix
Qui, influencés par un parti détestable,
Ont des comportements extrêmement suspects.
De notre Révolution, j’espère qu’on s’en souvient,
Sont nés « les Droits de l’homme et du citoyen »,
Après le nazisme et ses fureurs criminelles
L’ONU fit de ces droits une loi universelle.
Nous sommes donc tous égaux en droit, qu’on se le dise
Le racisme désormais est un acte hors la loi.
Les policiers ont mission de défendre ce droit
Et, des brebis galeuses, de combattre l’emprise.
Que penser par ailleurs des noms jugés indignes
Par tous ceux qui haïssent notre passé colonial
Où les vainqueurs jouissaient d’un prestige insigne
Alors qu'!ils commettaient des tueries infernales ?
Que penser de ces chefs qui furent de vrais nervis
En opprimant les peuples qu’ils avaient asservis ?
Pour nous le père Bugeaud n’était pas malhonnête
Et on passait son temps à chercher sa casquette.
Quant au duc d’Aumale connu pour sa morgue altière
Qui razzia la smala du grand Abd el Kader.
L’histoire n'a loué que son exploit et son courage
Négligeant le vaincu, un grand lettré fort sage.
Exilé à Damas cet émir algérien
De leurs persécuteurs protégea des chrétiens
Et fit preuve souvent d’une chevaleresque valeur
Qui surpassait de loin celle de son vainqueur.
Alors, oui, cet Arabe, pour ses grandes vertus,
Mérite que son nom vienne honorer nos rues
Et qu’on puisse, face au duc à la mine funeste,
Eriger, en son honneur, une statue équestre.
Pourquoi ne pas créer des sculptures nouvelles
Comme celle de Galiffet, général sanguinaire ?
De sa monture il toiserait Louise Michel
Qui pointerait sur lui son drapeau libertaire.
L’histoire nous façonne pour le meilleur et le pire
Comme une horloge elle doit donc être remise à l’heure
Si elle ne veut pas qu’on vienne la contredire
Voire la vilipender pour son manque de rigueur.
On peut contester ceux qui ont des bustes à leur gloire
Comme Colbert qui édicta l'odieux Code Noir.
Enfant on nous a masqué ce profil sinistre
En ne nous montrant que celui du grand ministre
Il faut donc honorer les héros occultés
Qui ont combattu l’oppression avec courage.
Leur mémoire devrait être réhabilitée,
La République doit supprimer tous les clivages.
Etant une et indivisible, c’est canonique,
Seuls ses dirigeants, par nous, peuvent être changés
Mais la France est la France et il y a danger
A vouloir modifier ses repères historiques.
Pour moi Bugeaud peut courir chercher sa casquette
Et sur ses noms de rue faire une place nette
Pour Senghor ou Césaire, voire Toussaint Louverture
Ce grand noir d’Haïti qui avait fière allure.
Mais de grâce qu’on arrête les déboulonnages
Les mauvais d’aujourd’hui étaient des bons d'hier.
Le bon et le mauvais font partie de nos gènes
Et la France, comme nous tous, est simplement humaine.
Viva
JB