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L'école de la rue

 

Ma pensée du jour

( Après l’intrusion de la pub sur laquelle il ne faut surtout pas cliquer)

 

 

 

 

 

L’école de la rue.

 

 

L’école de la rue est une école cruelle

Dont on ne sort pas bon si l’on n’est pas armé

Elle peut faire de vous des lâches ou des rebelles

Des méchants ou des braves et souvent des paumés.

 

Dès l’orphelinat je fus  soumis à ce sort

Lequel  privilégie la raison du plus fort.

Or, un soir pour pouvoir manger ma pomme de terre

J’ai planté ma fourchette dans la main de Charrière.

 

C’était le plus grand et de loin le plus costaud

Il sut ne pas pleurer et même il me sourit

Pendant qu’on le conduisait à l’infirmerie

Et que des surveillantes me menaient au cachot.

 

Il est évident que je m’attendais au pire

De la part du blessé. Ce fut tout le contraire

Une fois rétabli, Charrière le dur à cuire

Loin de se venger me soutint comme un grand frère.

 

J’étais tombé sur un rude gaillard au fond sage

J’avais cinq ans à peine et lui trois fois mon âge

Il avait admiré mon assaut si soudain

Alors que ce n’était qu’un réflexe de faim.

 

Ensuite, en ville, dans un vieux faubourg populaire,

J’ai encore appris à ne pas me laisser faire.

Ceux qui obéissaient aux cadors sans réserve

Etaient vite par eux traités comme des serves.

 

J’avais pour avantage d’adorer la lecture

Et grâce aux livres de trouver de bonnes postures.

Ma grand-mère aussi avec ses belles histoires

Soir après soir enrichissait mon répertoire.

 

Et je pouvais ensuite distraire les caïds

Qui étaient loin d’être des adolescents stupides.

Aujourd’hui grâce aux médias audiovisuels

Ils peuvent explorer les mondes virtuels.

 

Nous, on allait au cinoche une fois par semaine

Quand on avait les sous, et c'était une aubaine !

C’est pourquoi celui  qui savait être un conteur,

Loin d’être méprisé jouissait de faveurs.

 

C’est à la faim que je dois ma première colère.

Mais en ville, pour être  apprécié des costauds

Qui avaient leurs repaires tout près des caniveaux

Je devins un diseur, une sorte de trouvère.

 

Rarement, j’ai été victime de brimades

Sauf une fois ou deux de la part d’un jaloux

Qui, s’il était surpris, suscitait le courroux

De ceux qui appréciaient mes récits ou tirades.

 

Ce n’étaient pas des tendres ces fils de prolétaires

Et comme j’avais le nez souvent sale et morveux

Ils m’avaient affublé du surnom de « Gnareux »

La gnare étant la morve en parler ordinaire.

 

"Allez le Gnareux, raconte le Loup et le chien"

M’ordonnaient les Gaja prompts à  la réprimande ;

Et humblement je jouais le docile canin

Face à ces jeunes loups qui dirigeaient la bande.

 

Puis je voulus moi-même, quelques années plus tard,

Tenter d'être un meneur, me montrer valeureux.

Cela me rapporta de superbes coquarts

Mais je devins Berto et non plus « le gnareux ».

 

Toute ma vie, de la bande, j’ai gardé l’esprit

« 52 sue la une » en fut l’exemple typique.

On est tellement plus fort quand on est une équipe

Pour répondre aux coups bas des chafouins aigris.

 

Et surtout on peut mettre nos pensées en commun,

Œuvrer de conserve et valoriser chacun.

Nos très bonnes audiences firent de nous une cible

Mais quand on est soudé, on se sent invincible.

 

 Viva !

 

JB

 

 

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