Giscard rêvait de faire partie des « gens de lettres ». Pour un « gens de chiffres » n’était-ce pas une gageure ?
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Gens de chiffres et gens de lettres.
Pourquoi laissons-nous agir les accapareurs
Qui veulent tout pour eux et se montrent inhumains
Envers tous ceux qui pataugeant dans le malheur
S’échinent à la tâche pour ne pas mourir de faim ?
Pourquoi donc un pour cent de toute l’humanité
A-t-il mis la main sur nos richesses planétaires
Et pourquoi, oui pourquoi, l’immense majorité
Serait-elle condamnée à vivre dans la misère ?
Nos ancêtres curieusement ne nous ont pas transmis
Un sens de la mesure qui eût été salutaire.
Pourquoi le plus évolué de tous les mammifères
A-t-il moins d’esprit collectif qu’une simple fourmi ?
Pourquoi donc empoisonnons-nous nos sources de vie
L’air que nous respirons, la terre qui nous nourrit ?
Et surtout pourquoi malgré nos insidieuses peurs
N’arrivons-nous pas à corriger nos erreurs ?
L’écriture ne fut pas découverte pour écrire
Mais pour comptabiliser avec précision
Dans les greniers antiques, les vivres à répartir.
C’est le calcul qui inspira cette invention.
Les chiffres avant les lettres et cette domination
Au gré du temps qui passe s’enracine et perdure.
Jadis, les Médicis, banquiers de profession,
Encourageaient les arts et la littérature.
Mais si les « gens de chiffres » le mécénat délaissent,
La barbarie s’accroit, la culture régresse
Et la course au profit attire des sponsors
Qui, aux raffinements, préfèrent le veau d’or.
Les « gens de lettres » s’éloignent alors de nos pensées
Et les « gens de calcul » ne pensent qu’à encaisser.
« Faire du chiffre » est désormais leur seul souci.
La Renaissance est loin, ses idéaux aussi.
Tout est devenu clair. Il n’y a plus de pourquoi,
L’espèce perd la boule quand l’agioteur est roi
Et méprise les lettres ne valant pas un liard
A ses yeux qui ne voient rien d’autre que les milliards.
JB