Poème inspiré par un bel esprit
(Après cette pub non désirée)
L’académicien oublié
"L’ennui naquit un jour de l’uniformité"
Nous devons ce constat à Houdar de la Motte
Dont l’œuvre, quoique honorable, fut rarement citée
A part cet aphorisme, lumineux de jugeote.
Au dix-septième siècle ses écrits précurseurs
Eussent mérité mieux qu’un portrait réducteur
Mais l’Histoire, bien souvent, n'est pas très équitable
Et La Fontaine projeta une ombre sur ses fables.
Voltaire dit de lui qu’il prouvait, dans l’art d’écrire,
« Qu’on pouvait être quelque chose, même au second rang »
Ce n’était pas gentil mais c’était pour faire rire
Dans un coin du Procope ses proches et courtisans.
Or, en pleine lumière, au centre du café,
Le chouchou des salons élégants affirmait
Avec des arguments précis et étoffés
Que les rimes des poèmes en limitaient l’attrait..
A l’entendre, les lois de la versification
Et les règles métriques étaient d’une telle pesanteur
Qu'elles retenaient l’envol de l’inspiration
Vers des cimes que la prose atteignait en douceur.
Beaucoup plus tard, des poètes suivront ce conseil
Sans peut-être savoir qu’Houdar l’avait donné
Dans un temps où venait de s’éteindre Corneille
Que tant de plumes brillantes rêvaient de détrôner.
Eh oui, il voyait loin ce chantre du modernisme
Qui fut académicien comme La Fontaine
Auquel on attribua parfois cet aphorisme
Sur l’ennui qui menace nos sociétés humaines.
JB