Rimaille de circonstance
(Après la regrettable intrusion)
Le merci muet de la Saint Valentin
Je pense que la Saint Valentin, je suis sérieux,
Ne devrait pas être la fête des amoureux
Mais celle de l’amour qui n’a pas de piédestal
Et que par pur égoïsme, on honore fort mal.
Avec des roses rouges destinées à ma mie
J’allais faire la queue à la boulangerie.
Nous étions nombreux à braver le froid glacial
Pour honorer d’un gâteau ce jour triomphal.
Un jeune quémandeur assis sur le trottoir
Mendiait d’une voix frêle tout en claquant des dents.
Les gens détournaient les yeux, c’était affligeant !
Moi-même par lâcheté faillis ne pas le voir.
Or il ne jouait pas les mendiants de métier.
Ce n’est pas de mise quand on est frigorifié
Et que votre détresse fait détourner la tête
Des couples amoureux qui ont le cœur en fête.
Par chance mes yeux ont croisé ceux du jeune Roumain
En m’en allant je lui ai offert une obole
Et un pain au chocolat pour calmer sa faim
Son silence émouvant valait toutes les paroles.
En rentrant chez moi je me suis senti serein
D’avoir eu ce jour là un petit geste d’amour
Pour un pauvre garçon qui en bave tous les jours
Même quand les autres s’aiment à la Saint Valentin.
JB