Douze pieds pour faire marcher la tête
(glissez sur la pub intrusive pour lire le poème)
Le bonheur de faire.
Que pourrais-je donc dire qui n’a déjà été dit ?
Que pourrais-je donc faire qui n’a déjà été fait ?
Ces deux questions m’auraient rendu bien peu hardi
Et eu sur moi les plus désastreux des effets.
Par prudence, j’ai évité de me les poser
Et dans ma vie j’ai pu sans retenue oser,
En quête d’exaltation, courir le monde entier
En me persuadant que j’étais un pionnier.
J’ai pris parfois des risques et tenté l’impossible
Sans penser que je pouvais devenir une cible.
J’étais comme l’oiseau évadé de sa cage
Qui, enfermé trop longtemps, a soif de grand large.
Même vieux, au lieu de soupirer « à quoi bon »,
Je m’oblige à composer en vers de douze pieds
Un billet matinal malgré une basse vision
Qui brouille les lettres de mon écran et du clavier.
Par chance nous utilisons des ordinateurs –
Avec le stylo je n’arrive plus à écrire –
Je sens bien que l’on serait tenté de me dire :
« Pourquoi s’obstiner dans des actions sans valeur » ?
Pour moi elles en ont même si je ne gagne rien !
A la bourse de la vie, qui n’est pas financière,
Je me suis enrichi bien plus qu’un milliardaire
Et j’ai pu m’évader du train-train quotidien.
Certes tout a été dit et tout a été fait
Mais j’ai quand même dit ce que j’avais à dire
Et fait ce que j’avais à faire pour m’épanouir
Et ne pas devenir un vieil insatisfait.
VIVA !
JB