Derrière la saleté S'étalant devant nous
Derrière les yeux plissés Et les visages mous
Au-delà de ces mains Ouvertes ou fermées
Qui se tendent en vain Ou qui sont poings levés
Plus loin que les frontières Qui sont de barbelés
Plus loin que la misère Il nous faut regarder
Il nous faut regarder Ce qu'il y a de beau
Le ciel gris ou bleuté Les filles au bord de l'eau
L'ami qu'on sait fidèle Le soleil de demain
Le vol d'une hirondelle Le bateau qui revient...
(lire le poème après la pub intruse)
Les tueurs de beauté
Derrière la saleté, j’ai cherché la beauté
Comme le chantait Jacques Brel dans les années soixante
Et en tous lieux derrière des scènes d’épouvante
Celle-ci m’a offert des instants enchantés
Un champ de pavots, un soir, en Afghanistan
Aux fleurs pourpres embrasées par un soleil rasant
Tandis que s’acharnaient sur le proche village
Des hélicoptères russes qui semaient le carnage
Un enfant qui se meurt là-bas au Kurdistan
Fauché par une rafale presque à bout portant
Durant une embuscade sur une haute cime
Qui offrait à ma vue une vallée sublime.
Des GI’s qui courent et soudain tombent à terre
Près d’un charmant hameau comptant quelques Viêt-Cong
Décapités sur place par des supplétifs Mnongs
Insensibles à ce vert lénifiant des rizières.
S’il nous faut regarder ce qu’il y a de beau
Nous devons le chercher car le beau devient rare
Comme les hirondelles ou comme d’autres oiseaux
Que nos pollutions font mourir sans crier gare.
Je me revois à vélo avec mon jeune frère
Escalader, chez nous, un col à la saison
Des jonquilles qui ayant fleuri à profusion
Déployaient sous nos yeux une féerie princière
Aujourd’hui elles sont rares celles qui ont résisté.
Nos salissures altèrent peu à peu la beauté
Que les accapareurs s’obstinent à ôter
A cette terre qui nous a pourtant enfantés.
J’enrage !
VIVA !