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Pénétration

Sur France Culture j’ai suivi un débat sur la pénétration. J’y ai entendu des femmes  et aussi des hommes qui désormais  rejetaiennt cet acte le trouvant répugnant ou trop possessif.J’ai donc pensé ce poème ce matin, pendant que mon dentiste perforait ma mâchoire pour pouvoir y visser des implants.  Et tandis que son forêt pénétrait dans mon os où  bientôt serait fixée une dent nouvelle, je me suis mis à méditer sur le sujet ;

(Après l’intrusion de la pub)

 

 

 

 

 

Pénétration

 

Ce qu’il y a d’apaisant  dans la vieillesse

C’est le lent effacement du désir sexuel,

Quand l’amour peu à peu cesse d’être charnel

Il s’exprime par des grosses bouffées de tendresse.

 

Sans parler du viol et de ses cruels ravages

La copulation n’est pas toujours un partage.

Des femmes, faute de l’atteindre, miment souvent l’orgasme

Pour complaire à l’amant et combler ses phantasmes.

 

Le coït est plutôt brutal chez les mammifères

On sait que les femelles émettent des phéromones

A l’appel des reproductions saisonnières.

Pour  réveiller chez les mâles la testostérone.

 

L’heureux élu ignore les préliminaires.

Comme mon dentiste, il accomplit bien son affaire

Puis s’en va  en surveillant d’un œil son cheptel

Prêt à recommencer aussitôt qu’on l’appelle.

 

Les hommes en évoluant ont enrobé d’amour

Nos saillies primordiales, mais hélas pas toujours !

Certains s’obstinent à voir dans les femmes des femelles

Faites pour assouvir leurs appétits  sexuels.

 

Soi-disant pour les mettre à l’abri des tracas,

Ils vont jusqu'à  cacher leurs corps et leurs visages

Dans des grands sacs de toile dotées d’un fin grillage.

Ces prisons ambulantes sont appelées burka.

 

Ombres fantomatiques elles erraient dans les bourgs

Jadis quand je traversais les pays d’Orient.

Pouvais-je imaginer, il y a soixante ans,

Que dans nos villes je les retrouverais un jour ?

 

Comment ne pas s’indigner en voyant cela

Et contre cette régression mener un vrai combat.

Mais moi, dans ma jeunesse, ai-je été oppresseur ?

Me suis-je mal comporté envers nos âmes sœurs ?

 

Mon âge, c’est certain, m’évite d’être tenté

Mais quand j’avais vingt ans, j’avoue sans contrition

Avoir perpétré d’exaltantes pénétrations

Quand, par d’aimables copines, j’y étais invité.

 

« Tout ce qui est excessif est insignifiant »

Et « il n’y a pas de mal à se faire du bien »

Ces deux aphorismes que je trouve édifiants

Devraient guider nos pas, éclairer nos chemins.

 

Or, pour vaincre la domination patriarcale

Et le machisme honteux qui peut en découler

Faut-il vraiment priver les hommes de ce doux râle

Provoqué  par la jouissance de s’accoupler ?

 

Mais il y a chez les femmes emplies de rancœur

Une volonté revancharde de nous faire payer

Le fait d’être né mâle et donc "pénétrateur"

Une tare qui, de leur corps, nous vaut d’être rayé.

 

J’avoue n’être plus puni par cette privation

Bien que de phallocrate je fus jadis traité

Par des  anti-machistes déjà fort remontées

Contre les hommes et leurs fautives érections.

 

C’est vrai, on a cumulé les absurdités

En tant qu’espèce mais surtout en tant que mâle

On aurait, sans doute commis moins d'atrocités

Dans un système qui eût été matriarcal.

 

Je ne l’affirme pas, je peux le supposer.

Les femmes qui donnent la vie n’aiment pas donner la mort

Même quand elles ont été trop souvent abusées

Elles ne tuent pas, fulminent, et crient « Balance ton porc ! »

 

Peut-être méritais-je une telle sentence

N’étant pas blanc comme neige et paillard sur les bords

Disons rabelaisien,pour alléger mon sort

Sans alléger mon poids. C’est à Elle que je pense

 

En écrivant ces mots. Je vois mal ma compagne,

Fine comme un tanagra, soulever mon quintal

De verrat bien nourri dans ses deux frêles bras

Pour aller le jeter dans une soue de campagne.

 

VIVA !

JB

 

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