Que de commémorations élogieuses ! Voici la mienne.
( Après la pub intruse)
Un Rastignac de génie
Sa jeunesse fut aisée et à l’abri des risques
Plutôt maurassienne, en tout cas à ses débuts.
Quand vint l’occupation il se trouva un but
A Vichy où Pétain lui offrit la francisque.
Mais en quarant-trois, ne pouvant plus souffrir
Ce régime félon, il rompit son allégeance.
Pour être parmi ceux qui luttaient pour l’avenir
Il organisa un réseau de résistance.
A la Libération, sa fausse route effacée
Il réapparut, s’attachant avec brio
A séduire les caciques de la SFIO
Pour se faire un futur moins sombre que son passé.
Voyant De Gaulle crouler sous les ovations
Il en était jaloux d’où l’animadversion
Qu’il ressentit tout en se disant qu’un beau jour
Il serait célébré avec autant d’amour.
Guy Mollet lui permit de grimper des étages,
Mais ses noires sentences en tant que Garde des Sceaux
Dans une République qui partait à vau l’eau
Ne contribuèrent pas à lisser son image
Puis ce fut le retour du héros national
Appelé pout régler le problème colonial,
Bourbier dans lequel la France s’était enlisé,
Et l’homme providentiel revint à l’Elysée
La nouvelle Marianne fut sculptée sur mesure
Pour ce général qui avait de l’envergure.
Le Rastignac rêvant d’un destin identique
Traita la gouvernance gaullienne de monarchique.
Désavoué sur la réforme du Sénat
De Gaulle n’acheva pas son second septennat
Et une droite liée aux puissances financières
Planta sur l’hexagone ses puissantes serres
Entretemps Mitterrand, afin d’être mieux loti
Et faire oublier les relents colonialistes
De la SFIO, a conçu un parti
Dont il est le leader : le parti socialiste.
Lassé par les trombines des barons libéraux
Bon dieu, on y a cru à ce grand soir de gauche,
A ses fougueux meneurs qui devinrent nos héros
Et dressaient de leur chef une flatteuse ébauche.
Quand après de tortueux chemin parcourus
Mitterrand par les électeurs fut désigné
Pour être président, nous avons tous couru
Vers le Panthéon en criant « On a gagné ! »
Alors lui qui traitait De Gaulle de monarque
Pendant quatorze années s’est comporté en roi
Avec pour veules courtisans notables et énarques
Et des opportunistes de fort mauvais aloi.
Des bons, il y en avait chez les jeunes socialistes
Inspirés par Jaurès, pleins de grandes idées
Ils agaçaient souvent le chef absolutiste
Qui les prenant de haut, aimait les brocarder..
Rocard, vrai progressiste, osait le contester
Traité en rival, il fut crûment détesté.
Chevènement, pour exprimer son opposition
A la guerre du Golfe, choisit la démission
Et ferma sa gueule pour éviter une scission.
Oh oui, on y a cru, mais quelle déception
Nous infligea celui qui d’un paraphe retors
De la sidérurgie signa l’arrêt de mort.
Quand, avant de mourrir, dans un ultime couac
L’usurpateur socialiste adouba Chirac
Il révéla ses sentiments dissimulés
A tous les militants qui l’avaient adulé.
JB