Les fureurs du promeneur solitaire. (Passez la pub pour lire le poème)
Colérique le jour, pacifique la nuit
Que faire pour que revivent des us en perdition
Dégradé par de regrettables égoïsmes
Qui génèrent en tous lieux un manque de civisme,
Des goujateries et de graves pollutions ?
Que faire pour abolir le pouvoir de l’argent
Et que renaisse le goût des authentiques valeurs ?
Elles s’éteignent à vue d’œil et il serait urgent
De stopper cet obscurantisme de malheur.
Beaucoup sur les plages abandonnent leurs immondices
Ou les crottes de leurs chiens dans les jardins publics
Ne les recueillant dans un sachet de plastic
Que si on les regarde, de crainte qu’on les honnisse.
Mais loin de les garder jusqu’à leur domicile
Ils attendent d’être seuls et sans en avoir l’air
Les jettent n’importe où et filent l’esprit tranquille.
J’en ramasse tous les matins dans ma jardinière.
Ça paraît bien futile ce que je vous décris
Mais cela révèle un certain état d’esprit.
A part les yeux épatés de certains moutards,
Il devient difficile de croiser des regards.
Rare est celui qui voit autrui quand il s’approche.
Les gens vivent repliés sur eux mêmes et leurs proches.
Ce qui est en dehors ne les concerne pas,
D’où les incivilités qui règnent ici bas.
Pour une liberté individuelle mesquine
Est bafoué ce qui devrait être une règle pour tous
Si l’on ne veut pas que la terre nous élimine
Sans qu’un dieu quelconque ne vienne à notre rescousse.
Le chef goéland râle le matin quand j’écris
Et sa bande après lui rouspète à grands cris.
Les poissons étant rares au large de la Garoupe
Ils en veulent aux humains pour cette grave entourloupe.
On leur fauche sous le bec avec de longs filets
Leurs provendes quotidiennes sans le moindre regret.
A leurs yeux, nous sommes tous une engeance cruelle
Qui les contraint à venir fouiller les poubelles.
La mer ne les nourrissant plus comme autrefois
Ils délaissent ses bords et nichent sur les toits,
Hantent chaque matin le marché de Provence
En quête de rognures pour se remplir la panse.
Et pendant que les touristes se gavent de sardines
De loups grillés, de soles meunières, de merlans frits
Eux se harpaillent devant des viscères pourries,
Tels des voraces rendus furieux par la famine.
Pourquoi sommes nous peu lucides collectivement
Et incapables de changer nos comportements
Malgré les mises en garde de sages éclairés
Dont les esprits brillants souvent sont admirés?
Les plages sont bondées de nonchalants baigneurs
Les voitures défilent tout le long de la mer.
Parfois à grand vacarme un frimeur s’exaspère
Et son cerveau paraît se muer en moteur.
« Place ! Place ! » fait-il hurler à sa noire Bugatti.
Vous ne voyez donc pas que je suis un nanti !
Laissez-moi donc passer véhicule ordinaire !
J’ai rendez-vous avec un ami milliardaire ».
C’est chez eux que foisonnent les pires des gredins
Dans cette douce Provence que chérit la nature
Même notre aloès scalpé par des vauriens,
Et qui bientôt mourra, veut garder fière allure.
J’ai parfois l’impression qu’on prend le même chemin
Qui a conduit à la chute de l’empire romain.
On a beau répéter : « protégeons la planète ».
Rare sont ceux qui écoutent. Les autres font la fête.
Heureusement que la nuit scintille Bételgeuse
Que près de notre cour stridulent les cigales
Qu’à deux pas de chez nous dorment les deux nageuses
Qui viendront me chercher pour le bain matinal
Dans la douceur de la nuit je retrouve la paix
Qui chasse de mon esprit les colères du jour.
La lune lèche la mer de son laiteux reflet
C’est l’heure où mon cœur s’ouvre aux douceurs de l’amour.
Viva !
JB