Emmanuel est le fils de Martine, la sœur de Marion. En principe donc, je suis son oncle mais je ne sais pourquoi, je l’ai toujours considéré comme un petit fils, l’ainé de mes petits enfants. Il vient de se marier avec Sarah ce poupon que j’ai vu tout petit suçant son pouce…
( Après l’intrusion de la pub)
Manu et Sarah
Il était attendrissant comme un chérubin.
Ses yeux clairs avaient déjà de la profondeur.
Et semblaient nous juger à notre juste valeur
Bien faible si l’on en croyait sa moue de dédain.
Cette attitude surprenante du nourrisson
Intriguait les adultes qui pour jouir d’un sourire
Faisaient des « guiliguili » à n’en plus finir
Sans voir que le bébé leur donnait une leçon.
« Oubliez-moi un peu » disaient ses yeux fripons
Je n’ai pas envie de jouer les bons élèves.
Retournez entre vous, laissez-moi dans mes rêves »
Et il sombrait alors dans un sommeil profond.
Il eut une enfance revoltée et turbulente,
Entre des parents aimants qui s’étant séparés,
L’ont connu ombrageux, souvent désemparé,
En recherche d’une stabilité rassurante.
Il n’eut pas une adolescence très studieuse.
Quand il était en classe, il rêvait de grand air
Et pratiqua souvent l’école buissonnière
Qui peut forger les âmes, les rendre valeureuses
Derrière ses mutismes boudeurs et ses airs bourrus
Il savait observer l’attitude des gens
Ses instituteurs le trouvant intelligent
S’interrogeaient sur ses blocages incongrus.
Mais comment l’obliger à suivre des études
Et à vivre enfermé durant de longues heures ?
Lui rêvait de liberté. Etant travailleur
Il chercha un job conforme à ses aptitudes.
Allergiques aux ridicules airs supérieurs
Des petits chefs hargneux, tels des minus habens
Il les toisait avec morgue, comme l’eût fait un prince,
En perdait ses emplois mais partait en vainqueur.
Bureaux ou ateliers n’étaient pas faits pour lui
Désormais il conduit sans être éconduit.
Sa mission : livrer ses chargements à bon port.
Dans sa cabine il n’y a pas d’autre maître à bord.
Ce métier de chauffeur lui va parfaitement
Il peut en trouver un meilleur, incidemment,
Il le prendra s’il en ressent vraiment l’envie
Pour l’heure, il n’a d’yeux que pour la femme de sa vie.
Elle calme ses angoisses, adoucit son humeur.
Il est plus disert et beaucoup moins ombrageux
Quand il est tendu elle lui parle avec douceur
Et pare son visage des traits d’un homme heureux.
Viva !
JB