Fin du séjour en Grèce par une promenade à Athènes ( Après l’intrusion de la pub)
Voir Athènes et grossir
Athènes tant de fois visitée, tant de fois découverte.
On croit la bien connaître. On en ignore tout.
Et si en badaudant on fait des découvertes,
Elle se garde bien d’afficher tous ses atouts.
C’est sans doute pour nous inciter à revenir
Elle ne veut pas qu’on dise « Voir Athènes et mourir ».
Si trop de visiteurs rendaient l’âme à sa vue
Elle n’aurait bientôt plus le moindre revenu.
D’ailleurs ne rêvons pas, elle ne doit son renom
Qu’à l’Acropole et bien sûr à son Parthénon
Ainsi qu’à d’autres sites tout aussi hors d’usage
Qui exigent du visiteur patience et courage.
Des queues interminables sous un cagnard de plomb,
Des restaurants qui servent une mangeaille grasse,
A ce régime il eut été plus large que long
Le bel Apollon qui réside au mont Parnasse.
Les peintres ou sculpteurs de notre Grèce antique
Auraient pris pour canon de l’humaine beauté,
Des dieux aussi ronds et massifs que des barriques,
De callipyges déesses atteintes d’obésité.
Remercions les anciens pour leur frugalité
Et leur vigilance à toujours alimenter
En même temps que le corps, l’esprit pour ses trouvailles.
Au banquet de Platon, on ne fait pas ripaille.
J’ai la chance d’être âgé et donc venu avant
Que le tourisme de masse comme une catastrophe
Ne s’abatte sur des sites jadis si émouvants
Où l’on croyait ouïr les voix des philosophes,
Dans un souffle de vent, une pierre qui roule.
Et si cette cité submergée par les foules
M’aimante encore malgré tant d’envahissement
C’est qu’en certains lieux c’est encore elles que j’entends :
Dans quelques ruelles étroites méconnues des touristes,
Sur les sites où les font converger leurs tropismes,
Mais très tôt le matin quand eux dorment encore
Et que les grandes voix imprègnent le décor.
Il m’arrive parfois de croiser un Diogène
Parmi ces vieux Grecs qui ont les foules en horreur.
On devine la lanterne qui se cache dans leur cœur
Et dans leur regard triste l’inoubliable Athènes.
VIVA ! JB