Grèce antique, Grèce en toc. (après la pub obligée)
Dans la peau d’un platane
On m’a planté jadis près d’un bar à pêcheurs
Juste en face des monts paisibles de l’Argolide
Les gens étaient modestes et tenaces au labeur
Fort peu calculateurs et rarement avides.
Ils vivaient de bien peu, c’était leur destinée.
Bonne pêche, bonne récolte, et ils étaient joyeux
Lorsque c’était l’inverse, loin de récriminer
Ils se persuadaient que demain serait mieux.
Quand j’étais tout petit, les hommes autour de moi
Entonnaient volontiers de vieux chants folkloriques.
L’ouzo bu sans excès éclaircissait leur voix.
De leurs fenêtres, les femmes leur donnaient la réplique.
Avant de traverser le chenal chaque matin
Dans les bacs des passeurs, les gagés agricoles
Prenaient leur café en lançant des fariboles
Mais le soir, trop fourbus, se montraient moins mutins.
Bref, ces îliens vivaient au rythme des saisons
Proches les un des autres, pareils à des fratries.
Puis des bateaux survinrent avec des cargaisons
D’étrangers argentés se souciant peu des prix.
Et sous mes larges feuilles ma chère Grèce antique
Qui se plaisait dans son immuabilité
Devint une Grèce en toc de tavernes et boutiques
Conçues pour les touristes, grouillantes d’activités.
Restent les purs îliens qui tranchent sur ces foules
De visiteurs repus venus se goberger.
J’entends toujours les fariboles des gagés,
Et les cris des pêcheurs qui rentrent avec la houle.
Ils viennent près de moi dès la fin de l’aurore
Quand les touristes qui se couchent tard dorment encore
Ou le soir quand, s’étant fait rôtir sur le sable,
Ils vont se changer avant de passer à table.
Mon ombre les caresse ces Hellènes authentiques
Qui ne se sont pas transformés en mercantis
Et qui me rappellent l’aubergiste sympathique
Qui m’avait planté là quand j’étais tout petit.
D’un côté des bateaux, de l’autre des restaurants,
Poros est une escale prisée des plaisanciers
Une mère nourricière pour tous ses estivants
C’est entre autres pour ça qu’elle est très appréciée.
VIVA !
JB