Voici la suite des confidences de Gaïa, dont j’ai interrompu la rédaction à cause d’un emploi du temps surchargé. ( glissez sur la pub)
Le temps presse
Les voici donc en horde pour survivre aux dangers
D’un biotope prêt à les disqualifier
Si dans leurs habitudes ils n’avaient rien changé
Et fait aucun effort de se diversifier.
Ses mains préhensiles lui évitèrent l’inertie
Il s’en servit aussi pour façonner des pierres
Qui lui serviraient à la fois d’armes et d’outils.
Cet être débrouillard me rendait plutôt fière
Il s’est appliqué à se mettre debout
Pour parvenir à une parfaite bipédie
Qui le différencia des autres et le grandit
En libérant son crâne et étirant son cou.
Dans cette position son cerveau put grossir
Et éveiller parfois un désir de partir
Loin de cette faille d’Afrique déjà trop habitée
Pour découvrir l’ensemble de ma rotondité.
Ils vont donc se risquer sur des terres inconnues
Ces primates qui ne sont plus désarmés et nus.
Vêtus de peau de bête, les tout premiers humains
Avançaient en tenant des lances dans leurs mains.
Pour pallier leurs faims ils s’étaient fait omnivores,
Avaient dévoré des charognes, des larves, des vers
Avant d’oser chasser le mammouth herbivore
En déployant d’habiles stratégies guerrières.
Ces hordes errantes en quête de nouveaux espaces
En fonction des climats vont changer d’épiderme
Cette métamorphose s’inscrira dans leur sperme
Ainsi d’un même ancêtre vont naître diverses races
Du noir originel, ils vireront au blanc
Au jaune puis au ou au rouge selon mes cinq continents
S’opposeront souvent aux plus gros carnassiers
Qui comme eux pourchasseront le même gibier…
Ils devenaient puissants, en voulaient toujours plus
Après avoir eu raison du machairodus,
Cet ancêtre des tigres aux dents longues comme des sabres,
Ils fêtèrent chaque victoire par des danses macabres.
C’était la préhistoire, vous connaissez la suite
A mon encontre ils auront la pire des conduites
Prendront le contrôle total de ma biosphère
S’imposeront partout par le feu et le fer.
Depuis des millénaires ils se battent même entre eux
Maltraitent des animaux qu’ils privent de liberté
Se nourrissent de leur chair, de leur lait, de leurs œufs.
Mais trop souvent les traitent avec cruauté.
Bref, si l’on m’étudiait en m’observant d’en haut
Comme les cosmonautes de la station spatiale
On verrait à quel point ont été mis à mal
Mes biotopes qui sont aujourd’hui en lambeaux.
Or, étant subjugués par la grisante image
D’une planète bleue par l’homme recomposée
Ils ne pensent pas trop aux gravissimes dommages
Qui par un orgueil cupide ont été causés
En mer le plancton meurt à cause des pollutions
Il ne transforme plus le carbone en oxygène
Et partout les massives déforestations
Réduisent à néant la fonction chlorophyllienne.
La surpopulation épuise mes ressources
Qui, c’est hallucinant, sont toutes cotées en bourse
Ce sont les financiers qui jugent de ma valeur
Eux, auxquels je dois les pires de mes malheurs.
Les humains que j’aimais, les vieux chasseurs cueilleurs,
Etaient plus raisonnables que ces calculateurs,
Ils ont peint et gravé des fresques pariétales
En hommage à la faune qui leur était vitale.
Pourquoi des humains ont cru que dans le ciel,
Existaient des dieux bien plus puissants que moi
Qui, disait-on, nommait les sultans et les rois?...
Pour les actuels prédateurs industriels,
L’argent seul est leur dieu, les banques leurs cathédrales
Les sols « glyphosatés », les "bétonisations,"
Les gaz toxiques des moteurs à explosion
M’infligent des bouffées de chaleurs anormales.
Il faudrait arrêter ces empoisonnements
Que génèrent les courses aux profits et rendements
La surconsommation, la soif de croissance
Ou ma fièvre va monter, monter encore je pense.
Moi, je peux survivre à des températures
Qui vous grilleraient tous et puis me refroidir
Après m’être purifiée de vos salissures.
Vous, si vous ne changez pas, vous allez mourir.
JB
Cet ultime avertissement fut dit avec gravité et tristesse.