Paulo s’en est allé. (glissez sur la pub)
La douleur d’une mère.
Un vide abyssal s’était installé en moi
Je m’étais levé tôt, sans éprouver d’émoi
Et j’espérais des lueurs venant de mon cerveau
Qui avait la noirceur d’un sépulcral caveau.
Pas la moindre escarbille ne venait l’activer,
Il était comme un four qu’on ne peut allumer
Et moi comme un pantin totalement paumé
Qui ne parvenait pas à se remotiver.
Mais après le café préparé sans retard –
Avec les gestes machinaux de l’habitude –
Puis la première gorgée de ce puissant nectar,
Une étincelle, soudain, chassa mon hébétude.
Sur le paquet recelant la magique mouture
Le mot "Colombie" hypnotisa mon regard
Et des images se succédant à vive allure
Dissipèrent dans mon crâne les funèbres brouillards
Dans ce lointain pays resté cher à mon cœur
Maria avait bien voulu être ma traductrice.
C’est grâce à sa voix que nous plûmes aux meneurs
Du cartel de Medellin et à leurs complices.
Son timbre en espagnol était précis et rare
Quand je parlais c’est lui que captaient leurs oreilles
Et je pense qu’on lui doit ce charme sans pareil
Qui nous achemina vers Pablo Escobar.
Sur la Maria d’alors les années ont passé
Tissant de légères rides sur son beau visage
Qu’un inconcevable chagrin, aujourd’hui, ravage.
Maria avait un fils. Il vient de trépasser.
Il s’appelait Paul, on le surnommait Paulo
Un attachant gamin, puis un homme hors du lot.
Séduisant et rebelle, il voulait vivre fort
Dans un métier qui lui ferait frôler la mort.
Il devint un reporter de guerre audacieux
Souvent récompensé par des prix prestigieux
Fonda une famille, fut père de deux enfants
Qu’il quitta pour de bon fort prématurément.
A Paris qui était son port d’attache en France,
Paulo a rendu l’âme à cinquante et un ans,
Et Maria, submergée par une peine immense,
Sent, depuis, battre en elle son petit cœur d’enfant.
JB