Ma pensée du jour (Glissez sur la pub)
Pas de caissières « bla bla » ou gare à nos colères !
Qu’entends-je ? Que les Monoprix ou les Carrefours
Et autres chaînes alimentaires de ce type là,
Pour des gens solitaires en pénurie d’amour,
Vont créer une caisse, la caisse bla, bla, bla.
J’ai pourtant assisté à la disparition
De caissières accusées d’être trop sympathiques
Parce qu’elles accordaient aux clients de l’attention.
Elles furent remplacées par des caisses automatiques
A Monoprix il y avait la Bambara,
Une très belle fille noire aux cheveux teints en roux
Qui n’imaginait pas se mettre dans l’embarras
En s’adressant aux gens avec un ton très doux.
Son « bonjour vous allez bien ?» berçait nos oreilles
Et nous poussait à engager la discussion
Pendant que que ses doigts, légers comme des abeilles,
Butinaient le clavier avec précision.
On échangeait des mots d’une gentillesse extrême
Et quand parfois je l’interrogeais sur l’Afrique
Ses grands yeux devenaient soudain mélancoliques
Et sa voix semblait me murmurer un poème.
En deux temps trois mouvements mon compte était fait
C’était la plus rapide de toutes les caissières
Pourtant, chaque fois, se créait un lien parfait
Durant les secondes de nos échanges éphémères.
Il y avait aussi la pâle Algérienne
Aux yeux profonds qui nous fixaient avec douceur
Et les vieilles personnes qui avaient l’âme en peine,
Etaient à sa caisse accueillies avec chaleur.
N’oublions pas la native de l’île Maurice
Sa petite voix espiègle, son sourire indulgent,
Qui pour me titiller lâchait avec malice
« Comment allez vous ce matin, Monsieur Jean. »?
Ah, non, elles n’étaient pas des caissières bla, bla, bla,
Ces femmes ayant su mettre de l’humanité
Dans leur métier qui ne consiste qu’à compter
C’est pour elles qu’on venait dans ce magasin là !
Vous nous les avez supprimées et maintenant
Que, frustrés, on boude vos établissements
Vous voulez en mettre une dont la mission sera
De répondre à tous les besoins de bla, bla, bla.
Misérables calculateurs au cœur de pierre
Vous n’avez pas compris qu’on aimait nos caissières.
Elles ne blablataient pas, elles étaient authentiques
Au diable vos bla, bla, bla et caisses automatiques !
Vous êtes, sachez le bien, des nuisibles à nos yeux
Gestionnaires étriqués, spéculateurs scabreux
En tentant de couper tous les liens humains
Qui ensoleillent nos vies dans l’univers urbain.
Viva !
JB