Pensées nocturnes
Les pousseuses de poussettes
Toutes mes pensées du jour ne sont que passagères
Car je ne réfléchis guère pendant mes sorties
J’observe les passants, parfois des tous petits,
Dans des poussettes bolides activées par des mères.
Elles foncent droit devant elles d’une démarche fière
Et frôlent les piétons qui passent à la ronde
Sans jamais s’écarter de leur itinéraire
Honorant la « huitième merveille du monde».
La nuit, je les revois toutes ces progénitures
Qui entre nos guiboles louvoient à toute allure
Et quand une poussette passe près moi, plein gaz
Ma jambe handicapée, telle un pilon, l’écrase.
Mes insomnies ne sont pas des contes de fées
Dégoulinants d’amour, ruisselants de douceur
Elles sont à l’image de notre monde imparfait
Où pullulent les atrocités et les malheurs.
Au réveil je m’en veux d’avoir broyé un chiard
Sous les yeux horrifiés d’une pousseuse de poussette,
Mais le mot « CHIARD » n’est qu’une fugace antonomase
Qui procure une joie sadique quand on l’écrase.
JB