A l’orang outang notre cousin (Glissez sur la pub)
L’Orang outang et le « tractopelliste »
Une tractopelle géante poussait un tas de grumes
Qui venaient d’être ébarbées par les tronçonneurs.
Au bord d’une rivière d’où s’élevaient des brumes
Elle les lâchait dans l’eau qui les menait ailleurs.
Les fûts flottaient vers une embouchure où un port
Accueillait les cargos qui assuraient leur transport
Vers des contrées lointaines d’Orient ou d’Occident
Peu informées sur le sort des orangs outangs.
Or à Bornéo ils étaient des milliers
Avant que ne fussent détruites les sylves primaires
Pour que soient cultivés des champs de palmiers
A l’huile appréciée des firmes alimentaires.
Moins chère que le beurre, partout elle le remplace
Dans les plats cuisinés et la pâtisserie.
Et c’est pour ça que le grand primate trépasse
Impuissant à stopper la lourde machinerie.
« Halte ! Ne va pas plus loin » voulut dire l’un d’entre eux
A un « tractopelliste » qui faisait son boulot
Pour l’émouvoir, il s’installa sur le capot
Tout près de lui et le regarda dans les yeux.
« Ne vois-tu pas qu’en détruisant cette forêt
Tu détruis ce pourquoi la terre nous a faits ?
Nous sommes conçus pour vivre dans ces jungles primaires
Même votre espèce, au début, était forestière.
Il vous a fallu du temps pour évoluer
Et oublier le milieu qui vous a fait naître,
Composé des grands arbres que, chaque jour, vous tuez.
C’est sûr, nous serons les premiers à disparaître,
Mais sachez qu’un monde sans forêt est un monde mort
Tôt ou tard vous connaitrez aussi le même sort
Que le nôtre à cause de vos actions insensées.
Vous avez l’air inquiet, y avez vous pensé »?
Hélas l’orang outang n’ayant pas la parole
Ne peut exprimer ses angoisses sylvicoles
Que par un regard triste, des grognements chagrins
Que ne déchiffre pas le conducteur d’engin.
Au lieu de s’émouvoir l’homme prend peur et ameute
Tronçonneurs et manœuvres qui surgissent en meute
Armés de gourdins et chargés d’adrénaline
Pour chasser le primate trônant sur la machine.
D’un ultime regard plein d’émoi et de tristesse
L’orang outang fixe l’insensible conducteur
Trop soucieux de lui-même et de ses propres peurs
Pour comprendre d’un grand singe l’inguérissable détresse.
Prestement le primate se glisse sous les branchages
Des grands arbres abattus où nul ne le verrait
Et attend que s’éloignent les clameurs pleines de rage
Pour disparaître dans ce qu’il lui reste de forêt.
JB