Souvenir d’adolescence ( glissez sur la pub)
Une inoubliable vexation
J’étais amoureux d’elle. Elle s’appelait Lydie
J’avais quinze ans à peine, elle un peu plus, peut-être.
Je guettais son passage d’un coin de ma fenêtre
Et cherchai une idée pour l’aborder, pardi !
Elle était fort jolie et déjà achevée
C’est sans doute pour ça qu’elle me faisait rêver.
Ses yeux verts qui chatoyaient comme deux opales
Avaient un pouvoir d’attraction presque animal.
Un jour donc je parvins à croiser son chemin
Et glissai des vers écrits pour elle dans sa main
Puis le cœur battant sans attendre sa réaction,
Du collège, à grands pas, je pris la direction.
Comme un fautif je n’osai pas me retourner
Et fus obsédé par elle toute la journée.
Ayant l’âge où Rimbaud composait « Sensation »
Ma bluette eût pu s’intituler « Dérision »
Je n’avais encore rien lu de ce surdoué
Mais connaissais par cœur « Le lac » de Lamartine
Avec mes rimes emphatiques j’étais donc voué
A subir une griffure de Lydie, la féline.
Le lendemain, à mon passage, elle minauda
Au bras d’un vaurien qui s’appelait Tonda
Et brandissant mes piètres vers d’un air moqueur
Elle donna un baiser au voyou séducteur.
Je m’empourprai de honte, tremblai de confusion.
Mais n’étant pas un bagarreur invétéré,
Je passai mon chemin, faisant mine d’ignorer
Cette blessante et inoubliable provocation.
J’aurais pu m’endurcir à l’instar du béton
Ne plus jamais écrire de vers de mirliton,
Mais non, j’ai continué malgré ce mauvais coup
A pondre des billets, des rimailles à deux sous !
JB Viva !