Retour sous la pluie (glissez sur la pub)
Bruno de Lisbonne
Ce fut d’abord une église wisigothique,
Elle devint une mosquée au temps des Omeyades
Puis, sept siècles plus tard, sur la même esplanade
Fut édifiée cette cathédrale fantastique.
La Santa Maria exprime la force fière
D’un peuple opprimé qui a retrouvé sa foi,
Je crois entendre les burins des tailleurs de pierre
Qui cliquettent dans la ville et rythment ses émois.
Elle me rappelle un peu ces églises occitanes
Avec leurs puissants murs à fronton crénelé
Comme pour stopper cette religion musulmane
Qui jadis, sans crier gare, avait déferlé.
Même si je suis un bougre au regard des croyants
Il y a des mosquées, des temples et des églises,
Qui m’émeuvent beaucoup, éveillent ma surprise
Et parfois, je l’avoue, mon émerveillement.
La foi sublimée peut engendrer des chefs-d’œuvre
Elle peut aussi des humains assombrir le sort,
Les enserrer dans ses tentacules de pieuvre,
En faire des fanatiques qui répandent la mort.
Mais « pacem in terris », revenons à Lisbonne.
Devant la cathédrale, par les « tuk-tuks » cernés,
On prend un de ses nombreux chauffeurs à la bonne
Même si on sait qu’on va se faire un peu berner.
C’est parti pour une visite de la capitale,
Enfin des quelques lieux qu’on ne connaît pas bien.
Il s’appelle Bruno, a l’air d’un marginal
Et n’est pas plus calamistré que son engin.
C’est cela qui nous plait. Il n’est pas sur mesure
On le prendrait pour un étudiant attardé,
Il parle un bon français, en conduite il assure
Avec lui on a joyeusement musardé.
C’est fini, on s’en va, au revoir Portugal
Nos deux heures de tuk-tuks n’étaient en rien banales
Sur une semaine, deux heures d’empathie et d’humour
Ont donné du piquant à notre court séjour.
Viva JB