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Aujourd’hui, à Lausanne, les États-Unis vont devoir procéder à un grand écart prodigieux entre leur désir de faire aboutir les négociations sur le nucléaire avec l’Iran, et l’aide logistique qu’ils apportent à la ligue wahhabite dirigée par l’Arabie saoudite, actuellement occupée à bombarder au Yémen les positions des milices houthis chiites, pro-iraniennes. Naturellement tous les pays arabes à majorité sunnite se sont joints à cette coalition. Pourquoi ? La peur ! La peur de voir le détroit éminemment stratégique de Bab el Mandeb qui permet l’accès à la mer rouge échapper au contrôle des monarchies pétrolières. Les 4/5ème du pétrole produit dans le golfe persique transite par cette porte maritime, soit environ 3,8 millions de barils par jour. Le détroit, dans sa portion la plus exiguë, est de 40 kilomètres environ. Un blocage maritime à cet endroit contraindrait les pétroliers qui livrent leur brut ou leur essence aux pays européens consommateurs à effectuer un interminable détour par le cap de Bonne-espérance : un surcoût qui serait évidemment répercuté sur les prix des carburants à la pompe, en Occident. Ça, c’est la partie visible de l’iceberg. La partie cachée, c’est la crainte de voir cette zone éminemment stratégique passer sous le contrôle de l’Iran. Il faut savoir que les chiites sont présents dans tous les pays du golfe et majoritaires dans certains d’entre eux. 51% en Irak, 65% à Bahreïn, 30% au Koweït etc. Par ailleurs, dans les pays où ils sont minoritaires, ils sont très souvent victimes d’ostracisme ou de persécutions.
Ce n’est pas la première fois que le régime féodal saoudien envoie ses gendarmes ou son armée aider ses vassaux du golfe à réprimer les manifestations de chiites, exaspérés d’être considérés comme des citoyens de seconde zone. Il est certain que l’Iran, aujourd’hui, par le truchement des milices chiites du Yémen, veut pousser les Occidentaux, et en particulier les Américains, à faire preuve de compréhension durant les négociations de Lausanne et à lever le blocus qui paralyse son économie. Mais peut-être vise-t-il aussi à faire comprendre aux grandes puissances que le détroit de Bab el Mandeb, s’il était contrôlé par les chiites, c’est-à-dire par lui, serait, non pas un barrage, mais une ouverture nouvelle au passage des hydrocarbures. Voilà qui explique la sainte alliance des gouvernements sunnites qui veulent préserver dans la région un monopole éminemment stratégique et ne pas permettre à l’Amérique et l’Europe un renversement d’alliance qui leur serait funeste. Cela dit, on peut faire confiance à Netanyahou pour planter sévèrement Téhéran - seul allié fidèle des Palestiniens - en mobilisant à Washington ses nombreux soutiens. A suivre !