Eloignons nous un peu des haros issus de la pensée correcte et essayons de méditer sur l’immolation de ce jeune étudiant de Lyon qui, à juste titre, a beaucoup défrayé la chronique
Immolation. ( Le poème après cette pub indésirable)
Parce qu’il n’avait plus sa bourse d’étudiant
Un jeune homme s’immole devant un restaurant.
L’implacabilité de cet acte effarant
N’a-t-il pour origine que le manque d’argent ?
Si oui, cela m’inquiète. Etudiant à Paris
J’ai été sans le sou, d’autres copains aussi.
Nous n’avions pas de bourse, mais avions tous envie,
Quels que soient les obstacles, d’avancer dans la vie.
Jadis, à la vue de ma chemise rapiécée,
« L’orienteur professionnel » s’enquit du métier
De mon père. Quand il sut qu’il était balayeur
Il décréta que je devais être ajusteur
« Un beau métier, recherché dans la mécanique ».
Bien que rêvant d’entrer au lycée Vaugelas
Sur ses conseils j’optais pour le collège technique
« La voie royale » pour les fils du prolétariat.
Et cette fausse route me fit prendre du retard
Débarquant à Paris, une décennie plus tard,
Pour devenir journaliste ou encore écrivain
J’avais en poche mon brevet de mécanicien :
Un beau métier qui, n’étant pas ma vocation,
M’avait fort éloigné des études classiques.
Je m’y lançais alors avec résolution
Sans pouvoir espérer un quelconque viatique.
Mais grâce à des étudiants de milieu aisé
Qui me recopiaient les cours pendant mes absences
J’ai pu gagner ma vie et ne pas m’enliser
Dans les acrimonies ou la désespérance.
J’ai vendu des légumes à l’étal d’un primeur
Pour une soupe chaude et un maigre salaire,
Eté homme de ménage chez une femme sculpteur
Pour sa chambre de bonne, un réduit très austère.
Je fus portier de nuit et même pion d’internat
Quand on veut s’en sortir on ne chipote pas.
C’était il y a longtemps. Les mœurs ont évolué.
Jamais je n’aurais eu l’envie de m’immoler
Pour une aide qui ne me fut jamais conférée.
Est-ce la seule raison de cet acte désespéré ?
Je comprends Jan Palach, (1) sa mort fut héroïque,
Mais une bourse vaut-elle le même geste tragique ?
J’ai du mal à l’admettre et penserais plutôt
A un jeune désarmé face à l’adversité,
La meilleure défense étant d’apprendre très tôt
Que c’est sur soi, surtout, qu’il faut d’abord compter.
C’était la règle d’or dans ma petite enfance.
On se cherchait un boulot pendant les vacances
Pour pouvoir se payer des fournitures scolaires
Et soulager ainsi l’angoisse de nos mères.
La vie, en ce temps là, qui était tout, sauf facile
A fait de nous des êtres qui n’étaient pas fragiles.
Elle nous endurcissait pour faire face au destin
Qui ne s’annonçait pas sous un jour très serein.
JB
1 Etudiant tchèque s’est immolé par le feu, le 16 Janvier 1969, pour protester contre l’invasion soviétique lors du printemps de Prague.
Rappelez vous ces vers du Grand Victor
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l’âme et le front,
Ceux qui d’un haut destin gravissent l’âpre cime,
Ceux qui marchent pensifs, épris d’un but sublime,
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C’est le prophète saint prosterné devant l’arche,
C’est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche ;
Ceux dont le cœur est bon, ceux dont les jours sont pleins,
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
VIVA !
La pub sur ce blog m'est imposée sans qu'on ait eu la décence de m'en informer
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